Pirater des consoles Nintendo peut rapidement se transformer en un roman de John Le Carré, comme le montre une série de documents internes qui viennent de fuiter sur Twitter. Ils attestent que l’entreprise nippone ne voit pas du tout d’un bon œil le travail des hackers et qu’elle n’hésite pas à faire appel à des officines pour les marquer à la culotte.
L’un de ces hackers, appelé Neimod, a été particulièrement ciblé. Les documents montrent que ses activités professionnelles et personnelles ont été passées au peigne fin. Dans un résumé d’enquête, on apprend ainsi que c’est un expert belge en architecture hardware de 26 ans qui vit chez ses parents, qui travaille de 9 heures à 17 heures, qui passe ses soirées et ses week-ends à la maison, qui n’a pas beaucoup d’amis et qui va tout seul au restaurant.
Reposting this to hide the sensitive information, but Nintendo literally stalked this guy. pic.twitter.com/rFCHIJ1CI4
— Forest of Illusion (@forestillusion) December 22, 2020
Fort de ce constat, Nintendo a visiblement décidé de passer à l’action. L’éditeur a constitué une équipe « Knock & Talk » dont la mission était de mettre au pas Neimod. Comme on peut le voir dans un document intitulé « Hacker Enforcement Proposal », l’idée est de discuter avec lui de manière courtoise, de mettre en exergue ses compétences hors du commun et de lui proposer une belle carotte, à savoir un accord de coopération.
Il pourra continuer à hacker les consoles Nintendo, mais de façon concertée, comme dans un programme de « bug bounty ». Mais l’équipe dispose aussi d’un gros bâton, sous la forme d’un projet de plainte judiciaire pour piratage.
Les documents montrent que toute l’opération a été planifiée dans ses moindres détails. Il est prévu d’installer l’équipe dans un hôtel à proximité du lieu de résidence de Neimod. Toutes les étapes de la négociation ont été chronométrées et ont même été détaillées sous la forme d’un organigramme de programmation.
https://twitter.com/eclipse_tt/status/1341197814706126848
Le contact doit être fait le soir, après les heures de travail. Si le hacker se montre réticent, les négociateurs pourront proposer un délai de réflexion. Pas question, toutefois, de se tourner les pouces en attendant. L’équipe est priée de « surveiller les activités Internet et physiques » du hacker, histoire d’évaluer son état d’esprit. On se croirait presque dans un film d’espionnage.
Toutefois, la publication de ces documents n’est pas une bonne nouvelle pour Nintendo, car ils mettent en lumière les méthodes de barbouzes utilisées, dont la légalité peut être mise en doute. Il est probable que les hackers de consoles Nintendo vont désormais renforcer leur sécurité opérationnelle pour camoufler encore plus leurs identités.
Source : TorrentFreak
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