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Nintendo Labo VR : on a essayé les premiers pas de Nintendo dans la réalité virtuelle

Aux antipodes du PlayStation VR et des casques XR, de Microsoft, ce kit VR de Nintendo offre non seulement un nouvel usage à la Switch mais mêle aussi plaisir partagé, loufoquerie et quelques grammes de carton.

Depuis trois générations de consoles, Nintendo trace sa voie, loin de la course aux pixels et aux polygones. Un parti-pris qui a été et est récompensé par deux succès sur trois consoles – la Wii et la Switch étant des succès – en cours de confirmation pour la seconde.

Une révolution impossible ?

Mais cette décision de ne pas s’aligner sur Sony et Microsoft semblait jusqu’à présent fermer des portes à Big N. Hybride, la Switch paraissait proposer des façons de jouer nouvelles et adaptées à la vie nomade des joueurs. Mais pouvait-elle être assez puissante pour franchir les portes de la réalité virtuelle ? Les avis les plus tranchés clamaient haut et fort que non. L’affaire semblait entendue, Nintendo avait fait une croix sur la réalité virtuelle.

C’était tout au moins ce qu’on pouvait légitimement penser, malgré quelques rumeurs et brevets, jusqu’au mois dernier quand la société japonaise a annoncé son Nintendo Labo VR, ou comment l’art de la bricole géniale, déjà démontré par les ingénieurs de la firme de Kyoto, s’attaque à ce qui sera peut-être le futur du jeu vidéo.

Nous avons eu l’occasion d’essayer ce nouveau coffret Nintendo Labo depuis une petite semaine, voici nos impressions.

01net.com – Une tasse de thé, une Switch, deux Joy-Con et quelques plaques de carton prédécoupés… Tout ce qu’il faut pour jouer à Nintendo Labo VR.

Pierre, feuille, pas de ciseaux…

Pour ceux qui ont déjà eu l’occasion de frotter leur talent d’origamiste au Cardboard VR de Google, vous retrouverez le même mélange fait de bricole, de carton et de futur palpable. Néanmoins, il faut reconnaître que dans la lignée des autres Nintendo Labo, la partie bricole est bien plus importante. Certains diront même qu’elle représente bien plus que la moitié du plaisir offert.

Suivre les indications sur l’écran de la Switch, faire naître de quelques feuilles de carton plié et assemblé avec quelques élastiques une « trompe d’éléphant », un appareil photo cartoonesque, un oiseau venu d’ailleurs, une pédale bizarre ou une sorte de bazooka guignolesque, est en soi toujours une expérience qui mérite le détour. Puisqu’elle est assez chronophage, elle sera d’autant plus savoureuse qu’elle est partagée en famille. C’est une chance rare dans le monde vidéoludique, on s’amuse avant d’avoir même lancé le jeu à proprement parlé.
Comme pour les autres kits Nintendo Labo, on observe une progression, les objets à produire sont plus ou moins complexes. Ici, on commence évidemment par le masque VR, qui servira de base aux autres créations.

https://www.youtube.com/watch?v=uOjcbdAU5Gw

Notons d’ailleurs au passage que pour des constructions faites maison et en carton, les créations de Nintendo sont plutôt solides. Il faudra juste faire un peu attention à la trompe de l’éléphant et à la cohabitation des accessoires en carton avec les verres de lait qui se renversent bien trop facilement.

Taper le carton

Ce sont donc cinq expériences de réalité virtuelle qu’offre le Nintendo Labo. Deux sont fraîches mais assez classiques, les trois autres sont… quasi surréalistes et loufoques.
Commençons par l’appareil photo. Il est évidemment le plus simple à monter. De manière assez surprenante, Nintendo n’a pas jugé opportun d’équiper son masque d’une bande élastique qui le maintiendrait contre le visage. Le joueur a donc la possibilité à tout instant de quitter la réalité virtuelle pour revenir dans son salon… C’est rassurant mais contraignant, car il faut toujours maintenir son masque devant soi d’une main, à la manière d’un loup du carnaval de Venise. Ergonomiquement on a connu mieux… surtout quand tout le Toy-con (l’accessoire en carton) est accroché au masque…

Pour prendre des photos, on tourne l’objectif, qui contient un Joy-con (la petite manette de la Switch), fait la mise au point et déclenche. On se trouve alors avec un cliché de poisson virtuel ou de bestiole rigolote. C’est une manière habile et assez simple de prendre contact avec la réalité virtuelle. On en arrive même à se dire que ce mode est surtout là pour rassurer les parents – non, leurs enfants ne vont pas être happés par le démon du jeu virtuel…

Passons maintenant au lance-roquette. Après une heure (plus ou moins grosse selon l’âge des intervenants), votre Toy-con est prêt. Vous armez d’une main, tirez de l’autre et évidemment collez votre nez au masque de réalité virtuelle que vous aurez placé au bon endroit et dans lequel vous aurez glissé la Switch.

01net.com – Monter un objet aussi complexe que ce bazooka en carton est une joie à partager absolument.

Qu’il s’agisse de tirer sur des espèces de Bernards l’ermite envahissants ou de nourrir des hippopotames insatiables (jouable à deux à tour de rôle), la touche Nintendo est évidemment présente. Les graphismes sont joliment colorés et mignons, et toujours agréables à l’œil. Le gameplay est quant à lui suffisamment riche pour qu’on ne se lasse pas trop vite, avec une progression bienvenue de la difficulté pour les plus jeunes. Mais comme pour les titres Nintendo Labo précédents, tout tient plus du mini jeu que du triple A. La bonne nouvelle, c’est qu’en l’occurrence, nous n’avons pas été confrontée à la nausée du mal de la VR.

Entre onirisme vidéoludique et inventivité folle

Les trois autres modes VR sont beaucoup plus… originaux. La pédale à vent a des airs de pédales de batterie, dans laquelle vous aurez bien entendu glissé un Joy-con. Ensuite, vous plaquez le masque contre vos yeux et… Eh bien, vous faites sauter une grenouille afin d’éviter des balles envoyées par des ours mécaniques, par exemple. L’objectif étant de renvoyer certains projectiles tout en grimpant le plus haut possible… A franchement parler, on oscille là entre Toy Story et un rêve très étrange, moitié fun, moitié inquiétant.

Vous trouvez ça bizarre ? Attendez d’avoir monté… l’oiseau. Là encore, on retrouve des mini-jeux, qui consistent à voler pour trouver de quoi nourrir une nichée ou pour faire une course de vitesse, entre autres. Une fois encore ces expériences VR sont rafraîchissantes et pleines d’une euphorie enfantine, qui compense largement les quelques limites de ce Nintendo Labo.

Enfin, terminons par l’éléphant. Intégrez le masque (et donc la Switch), à une trompe en carton articulée par des élastiques, dans laquelle sont placés deux Joy-cons, et vous êtes paré. Prêt à vous confronter à une suite de casse-têtes rigolards qui mettront à mal autant votre coordination que votre cerveau.
Vous pourrez aussi vous essayer au dessin, en 3D et à 360°, cela va de soi. Vous jouerez même à deux pour faire deviner à l’autre joueur ce que vous avez dessiné. Si vous avez un peu de talent, vous vous amuserez certainement, si vous n’en avez pas, ce sont les autres qui s’en amuseront, mais en définitive, peu importe, Nintendo réussit là un joli coup.

Ce kit VR apporte également son lot de mini-jeux sur lesquels on passera plus ou moins rapidement. Tous sont de bons moyens de naviguer dans la réalité virtuelle et d’y prendre ses repères pour éventuellement ensuite essayer de créer ses propres expériences.
Car, c’est une autre force de Big N et de ses accessoires en carton, pousser le joueur à être acteur de son expérience, l’encourager à comprendre et faire à son tour. Certes, ce n’est pas le plus facile, certes, cela prendra du temps…

https://twitter.com/NintendoAmerica/status/1114195999503847425

Juste un avant-goût ?

Mais, il faudra bien patienter jusqu’à l’arrivée du plat de résistance de la réalité virtuelle à la sauce Nintendo. Le 25 avril prochain, Super Mario Odyssey et The Legend of Zelda Breath of the Wild, deux titres majeurs du catalogue de la Switch vont en effet sauter le pas de la réalité virtuelle.
Odyssey offrira un mode théâtre en VR, ainsi que quelques cinématiques exclusives et surtout trois petites missions inédites. Pour Breath of the Wild, les fans pourront se replonger dans l’intégralité du jeu en VR (à l’exception des cinématiques) ! Pas mal pour un éditeur et une console qui ne devait pas toucher à la réalité virtuelle…

En attendant de savoir ce que valent ces deux incursions, qui pourraient en décider plus d’un à dépenser les 70 euros demandés pour le kit Nintendo Labo VR complet, ce nouvel ensemble est une excellente première expérience pour les grands et les petits.
Il est à la fois frais et rigolo. Il ne se prend pas au sérieux mais ne propose pas une solution au rabais. Sans même parler du plaisir de monter des jouets en carton, seul ou en famille, ce kit VR est en définitive une nouvelle voie que seul Nintendo pouvait ouvrir…

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