C’est l’histoire d’une petite start-up luxembourgeoise rachetée par un géant américain des enchères en ligne.
En 2005, eBay prenait le contrôle de Skype, le premier grand succès de la téléphonie sur Internet, pour une somme qui donnait le tournis : 2,6 milliards de dollars. L’heure
était alors aux synergies et à la valorisation de la base clients.Et eBay promettait à certains actionnaires de Skype le versement d’une somme (plafonnée à 1,7 milliard de dollars) indexée sur les résultats et le nombre d’utilisateurs du service de voix sur IP. Mais, aujourd’hui, le montant de
l’enveloppe donnée par eBay n’atteint que
530
millions de dollars. En outre le groupe (également propriétaire de Shopping.com et de Paypal) annonce une dépréciation d’actifs liée au rachat de Skype de 900 millions de dollars à valoir sur ses résultats du troisième trimestre.Le fondateur de Skype,
Niklas Zennström, quitte aujourd’hui le navire sans grand éclat, alors que Skype revendique près de 220 millions d’utilisateurs dans le monde. Dont cinq millions en France,
troisième marché européen de la société après l’Allemagne et la Pologne.
La voix sur IP s’est banalisée
En deux ans, l’image de Skype, start-up dynamique portée par son fondateur (qui consacre désormais toute son énergie à
son nouveau bébé, Joost) s’est brouillée. En début d’année, l’ex-start-up a dû procéder à
la suppression de plusieurs dizaines de postes en Europe. Et la voix sur IP, c’est-à-dire la téléphonie sur Internet, s’est considérablement banalisée. Jusqu’à permettre aux
fournisseurs d’accès de proposer des tarifs sans commune mesure avec ceux pratiqués jusque-là par bon nombre d’opérateurs historiques. En France, la téléphonie illimitée va de pair avec les forfaits ADSL facturés par Free ou Neuf Cegetel environ
30 euros par mois, appels à l’international compris.En ce qui concerne Skype, qui représente aujourd’hui 5 % du chiffre d’affaires d’eBay, on est loin des espoirs suscités lors de son rachat. Une déconvenue n’arrivant jamais seule, les utilisateurs du service ont encore en mémoire
le trou noir dans lequel est tombé Skype, entre le 16 et le 18 août dernier. Pendant deux jours, le service était
resté totalement inaccessible. Laissant des millions d’utilisateurs dans l’impossibilité de recevoir ou de passer un simple appel téléphonique. La confiance aveugle dans la technologie, fut-elle 2.0 et peer-to-peer, a ainsi
montré ses limites.
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