Imaginez que vous viviez au c?”ur de la Guyane française : 40 000 habitants éparpillés dans une forêt tropicale grande comme un cinquième de la France, accessible exclusivement par pirogue ou avion. Pas simple pour faire une analyse de sang ! Sauf si vous vous rendez dans l’un des quatre villages qui seront équipés cet automne de la station de télémédecine portable du docteur Nicolas Poirot. A 36 ans, ce médecin est responsable de la télématique au Medes, Institut de médecine et de physiologie spatiales de Toulouse. Sa plateforme de télédiagnostic est composée d’un PC portable et de divers appareils de mesure reliés à un terminal satellite, plus un appareil photo numérique. Elle est conçue pour recueillir des données médicales, les analyser, et surtout les transmettre à l’hôpital de Cayenne, où des spécialistes mondiaux des maladies tropicales peuvent les analyser en direct. Objectif : éviter le transfert systématique vers l’hôpital ou, le cas échéant, permettre un diagnostic précoce et la mise en place rapide d’un traitement.Pour Nicolas Poirot, l’aventure commence en 1993. A l’issue de ses études de médecine générale, cet amoureux de la nature, a envie de changer d’air. Il effectuera donc son service militaire comme aide technique sur la base polaire des îles Kerguelen. Treize mois d’hivernage au bout du monde sur les îles de la Désolation, jetées dans l’océan Indien à 5 000 km au sud de l’Australie. Ni route ni piste d’atterrissage, donc pas d’évacuation rapide possible : “Je me suis rendu compte à quel point il était difficile de communiquer avec les médecins du continent, qui avaient du mal à réaliser la faiblesse de nos moyens !” Impossible, par exemple, d’envoyer une radioscopie… C’est décidé : il fera sa thèse sur la télémédecine. “A l’époque, en 1995, le monde médical n’était pas du tout dans la culture informatique !”, raconte-t-il. Puis il enchaîne avec un DESS d’informatique appliquée. Avant d’intégrer le Medes, Institut de médecine et de physiologie spatiales en 1996, où il développera sa valise de télémédecine en 1999. A l’intérieur, on trouve un enregistreur d’électrocardiogramme numérique, un brassard de tension automatique, un testeur de glycémie, un appareil photo numérique adaptable sur un microscope, un GPS et un téléphone GSM, le tout relié à un terminal de transmission par satellite, très simple à utiliser. Avec l’aide d’Olivier Tournebize, un jeune ingénieur informatique, Nicolas Poirot a équipé sa plateforme d’un programme de communication globale, développé à partir du logiciel Lotus Notes. Il suffit d’un clic pour récupérer les données des appareils médicaux connectés au PC. Le minidossier ainsi constitué peut être complété manuellement, puis transmis par satellite à l’hôpital. L’objectif de Nicolas Poirot : créer un produit universel, capable de communiquer avec tous les systèmes de transmission satellite existants, d’Inmarsat (le premier système commercial à couvrir les mers) à Globalstar. Les applications d’un tel produit sont innombrables. Surtout, la valise du docteur Poirot devrait équiper les 4 bases polaires françaises avant la fin de l’année : Terre Adélie, île Amsterdam, Crozet, mais aussi les îles Kerguelen. La boucle est bouclée !
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