01net : UPC-Noos vient de lancer une grande offensive contre le piratage de son réseau, qualifiée de ‘ sans précédent ‘. En quoi l’est-elle ?
Nicolas Lucet : Les premières cartes [introduites en 1998, NDLR] ont tenu jusqu’en 2000-2001, avant de faire l’objet d’un piratage massif. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de renouveler
tout le parc, soit 470 000 exemplaires. C’est une opération sans précédent pour nous, et en France tout court. En fait, nous généralisons à l’ensemble du réseau le système mis en place par UPC [avec lequel Noos a récemment fusionné,
NDLR] au moment du lancement de son offre de télévision numérique il y a un an environ.Pourquoi avoir autant attendu avant de renouveler un parc de cartes, ‘ cassées ‘ depuis des années ?
Une carte ‘ tient ‘ en général environ un an et demi à deux ans avant d’être ‘ craquée ‘. Puis, entre le moment où nous avons connaissance du piratage ?” c’est-à-dire des
premiers éléments concrets qui prouvent qu’une carte est piratée ?” et celui où le piratage devient massif, il se passe du temps. Quand une carte est cassée, le nombre de gens au courant et qui peuvent en tirer parti est, au départ,
marginal. Puis, par le biais de circuits quasi industriels, au bout de plusieurs mois ou années, le piratage passe à grande échelle. Par ailleurs, il nous a fallu du temps pour mettre en place ce projet consistant à renouveler le parc entier, car il
impactait l’ensemble de notre société.Le prochain renouvellement complet du parc sera plus rapide ?
Oui. Nous savons, à ce jour, que la nouvelle carte n’est pas piratée, qu’elle est solide. Mais nous n’ignorons pas qu’elle sera attaquée prochainement. Nous serons plus réactifs. Et puis nous avons l’expérience, désormais, de ce genre
d’opération.En quoi les nouvelles cartes sont-elles plus difficiles à craquer ?
Je ne peux, bien entendu, pas donner de détails, vu qu’il s’agit du c?”ur de la sécurité du système. Disons simplement que la nouvelle carte possède une technologie différente de la précédente, au niveau de la taille des clés de
cryptage, de l’algorithme, par exemple. Les nouvelles cartes résistent également mieux à des attaques physiques, celles qui visent à déterminer le contenu de la carte. On espère que notre nouveau système sera au moins solide dix-huit mois. Mais il
est bien difficile de faire des prévisions.Les réseaux bien organisés ne possèdent-ils pas déjà le nécessaire pour s’y attaquer ?
Le piratage dans le garage, c’est un peu fini. Comme les cartes sont mieux protégées, plus puissantes, il faudra des moyens différents pour pouvoir les forcer. Les réseaux de piratage, même s’ils sont bien équipés, vont devoir investir.Quel est le coût par abonné d’un tel projet ?
Par abonné, le coût tourne aux alentours de 10 euros. Ce chiffre inclut l’envoi du courrier, le changement de plate-forme, etc.Quelle était l’ampleur du piratage dans le réseau UPC-Noos avant ce basculement ?
Chez UPC, il n’y avait pas de piratage, la carte étant récente. Sur Noos, le manque à gagner se chiffre à plusieurs millions d’euros par an. Le piratage n’est pas facile à mesurer, mais on peut estimer à 50 000 le chiffre de cartes
pirates, avant de changer le parc. Un des moyens de le calculer est d’observer l’évolution du panier moyen de l’abonné. Les abonnés qui ont opté pour une carte pirate [pour accéder à des chaînes supplémentaires sans payer l’abonnement
correspondant, NDLR] ont évidemment baissé leur consommation. Plus difficile à prendre en compte est le cas des personnes qui sont branchées illégalement sur notre réseau, c’est-à-dire que nous ne connaissons même pas.Pour quand les effets positifs (remontée du nombre d’abonnés, etc.) sont-ils espérés ?
Nous savons très bien qu’il va se passer plusieurs mois avant de connaître des effets positifs sur le panier moyen de l’abonné, ou sur le nombre d’abonnés. Les clients qui fraudent vont mettre un certain temps avant de comprendre qu’ils ne
récupéreront pas de carte pirate, et que la seule solution, c’est de s’abonner. Il faut au moins attendre septembre ou octobre avant de savoir quel est l’impact.Avant ce changement de cartes, quels étaient les dispositifs utilisés pour endiguer le piratage ?
Depuis un an et demi, deux ans, nous avons mené de multiples ‘ contre-mesures ‘. L’objectif était de rendre les cartes pirates inefficaces ou de bloquer le décodeur du pirate. C’est ce second procédé qui a donné
les meilleurs résultats, mais c’était assez compliqué, car cela touchait le logiciel du décodeur. Nous avons donc beaucoup travaillé pour s’assurer que ces actions n’impactent pas des utilisateurs réguliers. Il est vrai que s’attaquer aux cartes
seules n’était pas la solution idéale car, au bout d’un jour ou deux, de nouvelles cartes apparaissaient. Mais ce genre d’opérations rapides avait quand même des intérêts : faire resurgir des réseaux de distribution, gêner et décourager les
utilisateurs irréguliers, etc. Même imparfaites, certaines actions antipiratage sont utiles.
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