Pour ma dernière chronique de l’année, je vais quitter un peu le domaine de la technique pure pour vous inviter à une réflexion sur un ‘ phénomène de société ‘ : l’anonymat qui règne sur les forums
Internet.Bien sûr, cette attitude n’est pas née avec le Web. Lors des échanges sur Minitel, il était déjà d’usage de se cacher derrière un pseudonyme. Mais avec la généralisation des forums, blogs et autres newsgroups, la dissimulation
systématique de l’identité des auteurs n’est pas sans conséquence.Car la certitude de l’impunité pousse parfois l’internaute anonyme à perdre le sens de la mesure. Sur les espaces publics de Web, du moins sur ceux qui ne sont pas contrôlés par un modérateur, les ‘ échanges ‘
virent souvent au règlement de comptes, dans un langage plutôt ‘ fleuri ‘.Bref, ça vole souvent au-dessous de la ceinture. Allez donc faire un tour sur quelques newsgroups d’intérêt général, vous serez vite édifiés ! Le choix des pseudonymes est d’ailleurs éloquent. Si beaucoup
d’internautes optent pour une simple contraction de leur nom, d’autres en profitent pour afficher ouvertement leur approbation ou leur opposition à une idée ou à une personnalité.Ces derniers temps, les pseudos formés autour des noms de Bush ou de Sarkozy, en termes rarement flatteurs, ont fait recette. Un tel choix a quelque chose de dérisoire, car cette profession de foi n’intéresse nullement les autres
internautes. De plus, elle est souvent sans rapport avec le thème sur lequel s’exprime son auteur.Alors, quelle raison peut pousser un utilisateur à masquer son identité lorsqu’il fait part à la communauté des internautes de ses réflexions sur le dernier Harry Potter, sur le couvre-feu dans les banlieues ou les taille-crayons à deux
trous ? Et cette question en amène une autre, primordiale : quelle crédibilité peut-on accorder à une opinion émise par quelqu’un qui se cache ?Redoute-t-il les conséquences de sa prise de position ? Est-il si peu convaincu de ses affirmations qu’il ne puisse les assumer ouvertement ? Quand un groupe de personnes organise une pétition sur papier pour obtenir
réparation d’un préjudice, les signataires se nomment ouvertement, que je sache…Il existe, bien entendu des cas où l’anonymat peut sembler légitime. L’individu qui habite un pays totalitaire ne peut émettre des opinions politiques défavorables à ceux qui sont au pouvoir que sous le couvert d’un strict anonymat. De
même, le salarié qui souhaite révéler les pratiques douteuses, voire illégales, de son entreprise le fait-il souvent à visage couvert, afin de ne pas subir les conséquences de ses divulgations.Mais, ces circonstances exceptées, pourquoi se cacher ainsi derrière un masque ?* Rédacteur en chef adjoint de l’Ordinateur individuel
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