“ Un gisement d’activité fabuleux ! ” L’exclamation émane de François Enaud, président de la SSII Steria, lorsqu’il évoque la gestion électronique des énormes flux de courrier générés par les grands comptes : les entreprises privées (banques, assurances, etc.), les grandes organisations sociales et, surtout, l’État (ministère des Finances, de l’Intérieur). Ces derniers mois, “ les pouvoirs publics ont marqué leur volonté de s’investir dans la promotion des téléprocédures“, ajoute François Enaud, notamment par la création d’un cadre juridique destiné à sécuriser les échanges électroniques en leur donnant une valeur probante légale.” L’interaction entre le courrier physique et le courrier électronique ouvre un énorme potentiel “, souligne Jean-Frédéric de Leusse, président de Sofipost, holding qui regroupe des filiales de La Poste. Partant de ce double constat, l’entreprise publique et la société de services informatiques viennent de créer une filiale commune, à majorité publique, chargée de prendre pied sur ce que les deux partenaires appellent “le marché émergent du courrier électronique“. En France dans un premier temps puis, rapidement, à l’international : Italie, Espagne, Afrique du Nord et nord de l’Europe (Grande-Bretagne et pays scandinaves). Cette nouvelle filiale commune compte une quarantaine de clients ” significatifs “.
Objectifs pour 2002
Temporairement, la société est baptisée Newco ?” le nom définitif doit encore être choisi ?” et se fixe comme objectif d’atteindre un chiffre d’affaires de l’ordre de 25 millions d’euros (164 millions de francs) et au moins l’équilibre financier en 2002. Une ambition légitime selon ses dirigeants, puisque “ cette entreprise n’est pas créée ” ex nihilo”“. La Poste lui apporte, effectivement, sa filiale Somepost Informatique. Un transfert qui concerne 150 à 200 collaborateurs et un chiffre d’affaires de près de 15,4 millions d’euros pour l’année 2000. Mais, surtout, les deux partenaires injectent leur savoir-faire en matière de conception, d’intégration et d’exploitation de courrier électronique, d’annuaires et de téléprocédures.Évidemment, les prévisions de chiffre d’affaires pour Newco paraissent modestes au regard des derniers résultats (2000) de La Poste (9,9 milliards d’euros dans le courrier) et de Steria (un peu moins de 389 millions d’euros). Et elles le sont… Mais l’essentiel n’est pas là, du moins pour le moment. Les deux partenaires cherchent surtout à prendre position rapidement dans un domaine d’activité qu’ils estiment vierge de tout acteur dédié. “ La demande des entreprises est arrivée à une certaine maturité. Un métier est en train d’émerger “, lance François Enaud. Sous-entendu : il faut occuper le terrain… D’autant que les grands comptes fournissent actuellement 48 % du chiffre d’affaires ” courrier ” de l’entreprise publique, qui n’a pas du tout l’intention de manquer la prochaine étape, celle de la numérisation. Avec Newco, La Poste récupérerait, au moins en partie, le trafic ” physique ” qu’elle risque de perdre. En sachant cependant quelle ne contrôle que 51 % du capital de cette filiale.
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