Entre Netscape et Microsoft, les rôles sont désormais inversés. Fort des 80 % de parts de marché détenues par Internet Explorer, Microsoft amorce sa rupture avec l’instance chargée de définir les standards du Web. Au contraire, Netscape 6. 0 marque une étape majeure dans l’application des standards du W3C. Impulsé par la communauté du logiciel libre Mozilla, il est livré avec le moteur d’affichage maison Gecko, qui se targue d’une gestion intégrale des standards de contenu et de développement arrêtés par le W3C.Netscape 6. 0 est compatible avec les langages HTML 4. 0 et XML 1. 0 pour la structuration des données. Mais aussi CSS-1 (Cascading Style Sheets), qui définit leur formatage au sein des feuilles de style. “Netscape a mis fin à ses tags propriétaires et à ses propres polices”, se réjouit aussi Jeffrey Zeldman, fondateur du Web Standards Project (voir encadré). Mais, surtout, Netscape 6. 0 mise à fond sur DOM Core 1 (Document Object Model), ainsi que sur DOM HTML.Considéré comme un standard lige par les développeurs du Web, DOM régit la manipulation de documents aux formats HTML et XML. Il modifie le contenu d’une page et automatise sa mise à jour à l’aide de scripts. A ce titre, Netscape 6. 0 ne privilégie plus son invention propriétaire JavaScript : il accepte également sa déclinaison standardisée, EcmaScript. DOM est d’autant plus d’actualité qu’il est idéal pour les terminaux mobiles, où l’affichage et le contenu restent séparés, précise Jeffrey Zeldman.
Encore trop de bugs
Pour faire preuve de sa bonne foi, Netscape publie une série de tests démontrant la compatibilité aux standards déjà cités. Toutefois, au Web Standards Project, on se refuse encore à lui accorder un blanc-seing. “Nos propres évaluations ne sont pas concluantes à cause du grand nombre de bugs rencontrés dans Netscape 6. 0”, constate Jeffrey Zeldman. Une immaturité causée, selon lui, par le mode de développement communautaire. Cependant, la confirmation par AOL du remplacement de son navigateur par la version finale de Netscape 6. 0 auprès de ses quelque vingt millions d’abonnés pourrait servir de catalyseur, estime-t-il.Internet Explorer 5. 0, en revanche, et plus encore la version 5. 5 préliminaire se contentent de supporter HMTL 4. 0. Car, pour le formatage des données XML, IE a opté pour XSL à la place de CSS-1. Pis encore, son support de DOM Core 1 reste parcellaire et diffère selon qu’il s’agit d’une plate-forme Windows ou Mac.Sur le terrain, les conséquences de ces innovations unilatérales se font déjà sentir. Sous la pression financière de leurs clients, les développeurs sont contraints de s’aligner sur la plate-forme Microsoft, la plus répandue. Une pierre dans le jardin du W3C.
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