Netflix fait la moue. La plate-forme de vidéo en streaming, qui a connu jusqu’ici une croissance continue, vient de perdre plus de 200 000 abonnés pour la première fois en dix ans. Cette chute brutale n’a pas permis au service d’atteindre les revenus escomptés, ce qui s’est très vite fait ressentir à Wall Street où l’action Netflix a perdu plus d’un quart de sa valeur.
Pour contrecarrer la fuite de ses clients, Netflix pourrait retourner sa veste et adopter une stratégie qu’elle s’était jusqu’à maintenant toujours refusée d’envisager : faire appel à la publicité. La plate-forme devrait proposer dans les années à venir une nouvelle offre, moins chère, mais soutenue par de la réclame en plus de ses abonnements actuels. Elle prévoit par ailleurs de voir ses ambitions à la baisse en ce qui concerne les dépenses nécessaires à la production de films et de séries.
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Le partage de compte en ligne de mire
Pour Netflix, cette baisse du nombre d’abonnés est à mettre sur le dos du partage de compte entre plusieurs utilisateurs. La firme indique que plus de 100 millions de foyers utiliseraient son service sans le payer grâce au partage de compte, en plus de ses 222 millions d’abonnés officiels, un manque à gagner conséquent. Pour espérer tirer un revenu de ses utilisateurs clandestins, la plate-forme envisage de mettre en place un système invitant les propriétaires de comptes partagés à payer un supplément leur permettant de rattacher un tiers à leur compte.
Mais d’autres facteurs indépendants de la volonté de Netflix peuvent également expliquer cette baisse subite du nombre d’abonnés. Tout d’abord, une partie des abonnés ayant souscrit une offre pendant la crise du Covid et les différents confinements mis en place, ont sans doute choisi de résilier leur abonnement avec le recul de la pandémie et la fin des restrictions. Surtout, la guerre qui oppose l’Ukraine à la Russie a coûté quelque 700 000 clients à Netflix après le retrait de son service de Russie.
Des augmentations lassantes
Les solutions envisagées par Netflix pour limiter les pertes sont-elles pour autant les bonnes ? S’il semble parfaitement normal de relever un peu les tarifs pour investir et développer de nouvelles productions, Netflix a peut-être oublié que plusieurs de ses concurrents, bien qu’arrivés sur le marché plus récemment et ne disposant pas d’un catalogue aussi étoffé, proposent des tarifs bien en deçà des siens.
À son lancement en 2014 dans en France, Netflix proposait trois offres à 7,99 €, 8,99 € et 11,99 €. En 2019, la plate-forme avait déjà procédé à une augmentation de ses tarifs, faisant passer ses trois offres à 7,99 €, 11,99 € et 15,99 €.
Le 1er octobre dernier, Netflix a encore une fois augmenté ses prix et a fait passer ses trois offres à 8,99 €, 13,49 € et même 17,99 € par mois pour l’offre la plus complète, soit une augmentation de près de 50 % pour cette dernière depuis 2014.
Malheureusement, ces augmentations successives que la plate-forme justifie par ses lourds investissements ont sans doute échaudé une grande partie des abonnés historiques du service. Aux États-Unis et au Canada, ces augmentations successives auraient fait fuir plus de 600 000 clients. De là à penser que les anciens abonnés Netflix ont fui la plate-forme après s’être rendu compte qu’ils pouvaient s’abonner Disney+, Apple TV+ et Amazon Prime Video pour presque le même prix que l’abonnement Premium à Netflix, il n’y a qu’un pas.
Source : Bloomberg
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