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Netflix concentre près d’un quart du trafic internet en France

Le service de streaming capte chaque année un peu plus de trafic dans notre pays. Il pèse aujourd’hui quatre fois plus lourd que Facebook.

53% du trafic internet en France provenait de seulement quatre fournisseurs au mois de décembre 2018  : Netflix, Google, Akamai et Facebook. Ce chiffre est tiré du rapport sur l’Etat d’Internet qui va être publié par l’Arcep cet après-midi. Une concentration qui s’intensifie d’année en année. En 2017, ces mêmes acteurs ne captaient que 50% du trafic. Encore plus marquant, Netflix domine à lui tout seul environ 23 % du trafic en 2018 contre 14% l’année précédente. Une progression fulgurante qui laisse penser que le service atteindra un jour le niveau des Etats-Unis, soit 33%.  

Netflix, Google (YouTube) et Facebook sont tous les trois de grands pourvoyeurs de vidéo en streaming, un usage particulièrement gourmand en bande passante. Quant à Akamai, c’est un CDN (Content Delievry Network) américain qui fournit des serveurs cache à des clients comme Apple, Facebook, Microsoft afin qu’ils diffusent leur contenu au plus près des utilisateurs.

La concentration du trafic internet en France en décembre 2018.
L’Etat d’Internet en France. Rapport d’activité 2019, l’Arcep. – La concentration du trafic internet en France en décembre 2018.

Les « Big Tech » renforcent sans cesse leur pouvoir

Un phénomène qui inquiète. « Les “big tech” sont en train de se doter d’avantages structurels avec une maitrise de plus en plus forte de leurs infrastructures comme des câbles sous-marins ou la possibilité d’installer des serveurs chez les opérateurs. Pouvoir se déployer à cette échelle n’est pas donné à tout le monde. Cela leur permet de distancer les autres », analyse le président de l’Arcep Sébastien Soriano.

Difficile en effet pour de petites sociétés ou de nouveaux entrants de pouvoir prétendre à des accords de peering avec les FAI, par exemple. Si ce type d’interconnexions n’est pas en soi une infraction à la neutralité du net,  il crée une situation inégalitaire. « Il y a un moment où la défense d’un internet ouvert et la régulation dans les couches basses n’aura plus de sens. On ne va pas s’amuser à entretenir les routes au cordeau si ensuite on fait passer des tanks dessus », souligne encore Sébastien Soriano.

Plus ces géants américains concentrent de trafic, plus ils sont amenés à déployer leurs propres infrastructures et plus cela renforce leur position sur le marché des contenus. La contribution de l’Arcep face à ce problème, c’est la régulation par la donnée. Et donc continuer à recueillir patiemment des informations précises sur le sujet, afin de faire en sorte que les usagers s’en emparent et deviennent de véritables arbitres de l’Internet.

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Amélie CHARNAY