Si on vous pose un jour la question « quel est le système d’exploitation le plus inutile jamais lancé », répondez sans ambages « NES-OS ». Comme son nom l’indique, NES-OS est un système d’exploitation (OS pour operating system) développé par Inkbox Software dédié à la NES, la toute première console de Nintendo. Lancée en 1983, la NES est un dinosaure – voire un trilobite – dans l’arbre phylogénétique des consoles de salon. Et sa fiche technique le prouve : NES-OS doit composer avec le processeur Ricoh cadencé à 1,79 MHz (voire 1,66 MHz pour les versions PAL), une puce graphique à 5,37 MHz, deux petits kilo-octets de RAM vidéo et 256 octets pour l’affichage des sprites. Point de 4K (8 Mpix), la sortie écran de la NES se fait en 256 × 240 (ça fait 0,061 Mpix à titre de comparaison).
Utilisable sur émulateur ou sur une cartouche vierge dans une vraie console, NES-OS est un petit poucet de seulement 48 Ko qui doit composer avec les 2 ko de mémoire et la limite graphique de la console. Ce qui limite grandement le potentiel de l’OS : si on dispose bien d’un pointeur pilotable par la manette, seuls les paramètres du système et un éditeur de texte sont disponibles. Et cet éditeur de texte est limité à 832 octets (une page de texte)… sans possibilité de sauvegarde.
Le système en lui-même est lent (oui, même la frappe si vous avez le clavier HVC-007), mais s’avère être une vraie prouesse. D’une part, la console a presque quatre décennies et n’a jamais été prévue pour ce type d’usage. D’autre part, l’équipe qui a développé NES-OS a réussi ce tour de force sans aucune modification de la console – ni document ou logiciel de développement officiel, cela va sans dire.
S’il s’agit d’un exploit pour la beauté du geste qui ne servira à rien. Ce genre de projet met en lumière le travail d’optimisation des vieilles plates-formes techniques, et leur potentiel caché quand on prend le temps de les pousser à fond. Les procédés de gravure ont beau s’améliorer, certains équipementiers comme ASML s’interrogent sur la possibilité d’aller plus loin que le nanomètre en matière de miniaturisation. En cas de « mur technologique », peaufiner l’existant jusqu’à en tirer la quintessence pourrait être, d’ici à quelques décennies, le seul moyen de repousser les limites de puissance dont nous aurons besoin. Et NES-OS rentrera alors peut-être au panthéon des créations inspiratrices des développeurs de demain !
Si vous voulez télécharger NES-OS et le tester sur un émulateur (ou sur votre NES si vous avez le matériel !), vous pouvez aller le télécharger sur le site d’Inkbox Software.
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Source : ArsTechnica