Les « nez », ces professionnels du parfum capables d’analyser la fragrance d’un produit, pourront bientôt compter sur un précieux outil pour les aider. Le premier détecteur d’odeur portable est français et il a été présenté lors du CES 2018. Il s’agit de NeOse Pro, développé par la start-up grenobloise Aryballe Technologies qui est un spin-off du CEA et plus exactement de l’INAC (Institut de Nanosciences et Cryogénie). Nous l’avons découvert lors du Forum Innovation Défense qui s’est tenu la semaine dernière à Paris. Il ressemble à un gros Joystick mais avec un écran et une batterie intégrée et s’utilise avec une application mobile dédiée. Il est capable d’identifier une odeur en moins de 30 secondes comme on peut le voir dans notre vidéo :
Une caméra et des capteurs biochimiques
« Une odeur, c’est un mélange de composés organiques volatils libéré dans l’air. Elle laisse donc des traces, une signature qui peut être capturée sous forme d’image », nous explique Thierry Livache, directeur scientifique d’Aryballe Technologies. NeOse Pro tente de reproduire le fonctionnement de l’odorat humain, lui-même composé d’environ 400 récepteurs. Le dispositif contient un prisme optique recouvert d’un film d’or et une soixantaine de nanocapteurs biochimiques.
https://www.youtube.com/watch?v=fgBnJoj0yEE
Les molécules viennent se coller sur les capteurs sous forme de points noirs. Une LED éclaire le prisme qui va jouer le rôle de miroir et refléter l’image ensuite capturée par une caméra. La disposition et le nombre de points noirs forment un motif qui sera enfin comparé avec la base de données olfactives d’Aryballe Technologies. Si une correspondance est trouvée, elle permet d’identifier l’odeur.
NeOse Pro sera-t-il un jour intégré dans nos smartphones ?
NeOse Pro trouve pour le moment essentiellement ses applications dans les domaines industriels et le contrôle qualité. « Ce sont des hommes qui vérifient l’odeur des produits dans l’automobile, la cosmétique, l’alimentaire, la production de lessives ou la fabrication de packaging. Ces industries cherchent à la fois à vérifier des odeurs voulues et non voulues de plastique ou de brûlé, par exemple », nous précise encore Thierry Livache. Un dispositif comme ce détecteur d’odeur leur permet de gagner en fiabilité et en rapidité.
Mais la start-up Aryballe Technologies poursuit aussi un projet de plus longue haleine. Parvenir à miniaturiser ses capteurs de manière à rendre cette innovation accessible au grand public et pourquoi pas l’intégrer dans un smartphone. 9% des Français souffriraient d’un trouble de l’odorat, selon une étude du CNRS datant de 2015. Parmi eux, un tiers serait même anosmique, avec une perte totale de ce sens. Un handicap qui a des conséquences sur l’appétit et même l’attachement. Cette population pourra peut-être un jour être secourue par NeOse Pro.
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