Dans le cadre du naufrage du pétrolier Prestige, la Sasemar (Sociedad de Salvamento y Seguridad Marítima), organisme espagnol chargé du sauvetage en mer et de la lutte antipollution, a sollicité Météo France pour des prévisions de dérive des nappes de fuel.Météo France dispose en effet d’un système de modélisation, Mothy (Modèle océanique de transport d’hydrocarbure), conçu pour ce genre de calcul.” Mothy est un modèle d’océan qui calcule les courants de marée et les courants de surface, induits par le vent “, explique Pierre Daniel, expert en pollution marine chez Météo France.Développées par la division Prévision marine et océanographie, à Toulouse, ces modélisations sont également utilisées pour retrouver des navires qui ont chaviré, ou bien des conteneurs perdus par un bateau.Dans le cas de pétroliers, le Cedre, organisme chargé d’assister les autorités responsables de la lutte contre les pollutions accidentelles, fournit à Météo France les observations sur les fuites d’hydrocarbures.” Le Cedre nous transmet les caractéristiques physiques [densité, viscosité, masse volumique] et la forme des nappes d’hydrocarbures “, précise Pierre Daniel.Ces données sont intégrées à Mothy. Ce dernier est alors capable de fournir des estimations précises sur le déplacement des nappes d’hydrocarbures.” Il ne faut pas plus de 5 à 10 minutes de calcul, grâce à un supercalculateur Fujitsu “, annonce Pierre Daniel. ” L’élaboration des cartes prend un peu plus de temps mais entre le moment où l’on reçoit le fax du Cedre avec les données, et la mise au point des cartes, il ne s’écoule pas plus de 45 minutes “, affirme-t-il.Au moment du naufrage de l’Erika en 1999, les prévisions de Mothy avaient soulevé une certaine polémique.En effet, Météo France annonça que les nappes de pétrole échappées de l’Erika toucheraient la Vendée et la Charente-Maritime. Ce qu’elles firent, mais dans une bien moindre mesure qu’en Loire-Atlantique et dans le Morbihan.Météo France et Mothy furent soupçonnés d’incompétence, par la Commission d’enquête parlementaire mise en place mi-2000.Mais la conclusion du rapport montre que la fiabilité de Mothy n’était pas en cause. Météo France n’avait simplement pas eu connaissance de l’ensemble des nappes d’hydrocarbures, notamment celles qui se sont échouées en Bretagne.D’ailleurs, selon Pierre Daniel, pour l’instant les prévisions de Mothy sont en phase avec les observations sur les déplacements du pétrole échappé du Prestige.
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