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N’attendons pas 2007 pour voter par internet !

Dans une tribune libre publiée dans les colonnes du Nouvel Hebdo (édition datée de vendredi 4 avril), André Santini, ancien ministre, maire d’Issy-Les-Moulineaux, 1er vice-président du conseil général des hauts-de-seine, expose son point de vue sur le vote en ligne.

Dimanche 21 avril, jour du 1er tour de l’élection présidentielle, de nombreux Français seront en vacances. Ceux qui habitent en zone C (les académies d’Île-de-France et de Bordeaux), seront au milieu des vacances de Pâques, tandis que ceux de la zone A (Caen, Clermont-Ferrand, Grenoble, Lyon, Montpellier, Nancy, Metz, Nantes, Rennes, Toulouse) seront sur les routes du retour.Je lis déjà, comme maire, les courriers de mes concitoyens empêtrés dans les procédures du vote par procuration, et je crains que le taux de participation à un scrutin aussi important ne souffre de l’archaïsme de notre mode d’élection.

La République en danger?

Il y a deux ans, lorsque j’ai lancé le débat sur le vote par internet, beaucoup d’observateurs et de responsables politiques m’ont regardé avec un mélange d’effroi et d’ironie. Je commettais un crime de “lèse-République”, en touchant au sacro-saint isoloir ; j’insultais ceux qui ôtaient leur chapeau, par déférence devant l’urne ; je mettais en danger la République en ouvrant les portes aux hackers qui allaient semer la zizanie dans les décomptes des bulletins.Je pensais, sans doute “naïvement”, comme dirait Lionel Jospin, que nous entrions dans un nouveau siècle, qu’internet allait changer notre vie, que nos styles de vie évoluaient, devenus plus mobiles que par le passé, plus souvent absents de notre domicile et plus habitués à utiliser des services pratiques. Nous pouvons gérer nos comptes bancaires par internet ou saisir un mot de passe dans un distributeur de billets, mais voter par internet ? Surtout pas !Pendant ce temps, la Commission européenne a financé des projets de recherche, les Suisses ont lancé des tests, comme les Estoniens, les Allemands ou les Britanniques. Pendant que nous serons occupés à recompter manuellement nos votes, en mai, les habitants de trente villes britanniques testeront le vote par internet lors d’élections locales. Nos voisins ne se posent-ils pas les mêmes questions que nous ? Ne craignent-ils pas les pressions de l’entourage, les difficultés à authentifier leurs électeurs, les problèmes de sécurité des réseaux ?

Le débat sur le secret de l’isoloir, un faux débat

Le débat sur le secret de l’isoloir est un faux débat, parce qu’il s’agit d’un débat franco-français dans un pays où le vote par correspondance n’est plus autorisé depuis 1975. Mais il existe, par exemple, en Allemagne, en Suisse ou en Norvège. Près de 30 % des électeurs de Munich ont utilisé ce moyen lors des législatives de 1998. À Genève, 90 % des électeurs ont coutume d’utiliser la voie postale pour voter ! Doutons-nous de la nature démocratique de ces pays ?À l’occasion de cette campagne, le débat avance. François Bayrou est favorable au vote par internet, comme la plupart des candidats de droite, tandis que la gauche y reste opposée, en mettant en avant fracture numérique et sacralisation de l’isoloir. Faux débat puisqu’il ne s’agit pas de remplacer l’isoloir par internet, mais d’élargir les modalités de vote.

Valoriser les expériences étrangères

J’accueillerai, les 11 et 12 avril prochains à Issy-les-Moulineaux, le 3e
Forum mondial de la démocratie électronique

. Nous y présenterons les expériences concrètes mises en ?”uvre par nos voisins. Je souhaite qu’elles nous permettent de mettre en chantier, très vite, l’élargissement des modalités de vote, afin que chacun puisse, en toute liberté, choisir entre le bureau de vote, le vote par correspondance ou le vote via internet.

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André Santini