Moi, je fais mes courses à la campagne. ” Aucun snobisme ni poudre aux yeux derrière cette affirmation. Ce slogan commercial est celui de la start-up Natoora, dont le site web a été lancé officiellement fin février 2001, à l’occasion du Salon de l’agriculture. Objectif de ce service en ligne : donner aux consommateurs urbains déconnectés du monde rural le moyen de goûter des produits alimentaires ultrafrais, en leur offrant la possibilité de commander en direct chez les exploitants agricoles puis d’être livrés à domicile (moyennant un surcoût de 6,86 ? quel que soit le montant de la commande), dès le lendemain, à l’heure de leur choix (entre 18 et 22 heures).Il ne s’agit pas de faire du “Fauchon on line“, mais “d’offrir aux citadins l’occasion de redécouvrir des saveurs sim-ples et basiques, en leur proposant des produits à leur optimum gustatif“, précise Jean-Patrice Quenedey, un des directeurs de Natoora, par ailleurs ingénieur agronome.
Un système “zéro stock”
Le système mis en place par la start-up s’appuie sur un concept info-logistique original qui ne sacrifie pas à toutes les contraintes, souvent synonymes de dépréciation de la qualité, inhérentes aux réseaux de la grande distribution classique : production en masse, résistance aux manipulations, respect des DLC (date limite de consommation). Ses points forts : absence de stocks et suppression des schémas de préparation traditionnels. Regroupées sur le serveur de Natoora, les commandes des clients sont en effet analysées puis envoyées quotidiennement vers les différents producteurs, qui reçoivent, via internet, les détails des lignes de commande à réaliser entre 12 heures et 12 h 30. Un fichier Excel leur sert à éditer, directement sur leur imprimante personnelle, une page d’étiquettes code à barres correspondant à la préparation du jour.”Nous avons développé une police spécifique ; il suffit de l’envoyer au producteur par e-mail pour que celui-ci soit en mesure d’imprimer, sans aucun applicatif lourd, des étiquettes au format EAN 13 sur tous types de machines “, précise Philippe Quenedey, directeur informatique de Natoora. Ce souci de simplicité constitue l’une des exigences principales qui ont présidé à la conception du système. L’objectif consistait en effet à mettre au point une solution conciliant facilité d’utilisation et “portabilité” maximale, “afin que les producteurs puissent à tout moment lancer aisément le dispositif Natoora sans consacrer plus de 10 minutes par jour à la gestion de l’administratif. “Côté consommateur, cette simplicité se traduit par un site très réactif, doté d’une navigation intuitive de type transversale et d’une arborescence de menu très performante. Les étiquettes sont ensuite apposées sur les diverses marchandises (produits de la mer, viandes, volailles, produits laitiers, fruits et légumes), sans que le producteur n’ait à se préoccuper du destinataire final. Le système exerce, au passage, une fonction d’autocontrôle, toute étiquette en trop correspondant bien entendu à un article manquant. La préparation est alors expédiée vers le MIN (marché d’intérêt national) de Rungis, suivant les réseaux de transport classiques ?” tous les arrivages étant regroupés durant la nuit sur la plate-forme frigorifique de GPF (gestion des produits frais).Détail important : ce mode de fonctionnement autorise les petits exploitants à rejoindre sans peine le réseau de distribution Natoora, ceux-ci venant se greffer aisément sur un des nombreux flux logistiques qui aboutissent quotidiennement au noeud de Rungis. Les toutes petites exploitations, aux capacités de production très limitées, ont même la possibilité de ne livrer qu’une fois par semaine, le lendemain du marché virtuel qui se déroule tous les jeudis sur le site.
Une chaîne du froid rigoureusement maîtrisée
Les préparations des commandes personnalisées démarrent dès le lendemain 8 heures, de manière totalement asynchrone, le système fonctionnant comme une gare de triage sans les circuits de picking propres à l’e-commerce classique. Chaque bac de préparation, qui correspond à un client final unique, est repéré par une étiquette code à barres sur laquelle figurent les numéros d’emplacement, d’identification et de commande. Le préparateur s’empare d’un produit, sans aucune contrainte d’ordre, puis scanne l’étiquette apposée en amont par le producteur au moyen d’un terminal de saisie radio. L’écran lui indique “l’adresse” du bac dans lequel il doit déposer la marchandise, l’opérateur validant alors la manipulation en numérisant, cette fois, l’étiquette du container.L’ensemble des commandes est ensuite acheminé par transporteurs vers la capitale et sa périphérie jusqu’à des points relais, à partir desquels s’effectueront les tournées de livraison. À ce stade du processus, deux innovations techniques majeures ont été mises au point pour maîtriser la chaîne du froid. La première est un dispositif isolant à base de polystyrène et carboglace à – 70 ?’C, conçu en collaboration avec le Cemagref d’Antony (92). Inséré dans les bacs plastiques lors de la phase de préparation, il maintient la température ad hoc durant plus de 16 heures. Un procédé beaucoup plus souple et moins onéreux que les habituels systèmes Thermos.Seconde trouvaille, un triporteur high-tech électrique, homologué véhicule spécial (donc autorisé à emprunter les couloirs d’autobus), embarque jusqu’à 8 containers frigorifiés et achemine sa cargaison jusqu’à des points inaccessibles pour d’autres engins. Détail logistique de taille : les livraisons s’effectuent en “marguerite”, sur le principe du one shot, c’est-à-dire une commande client par tournée. L’e-consommateur a ainsi la garantie d’être livré à l’heure fixée, le système s’autorégulant de lui-même au fur et à mesure des choix formulés par l’internaute lors de la passation de commande.
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