Le Space Launch System, abrégé SLS, est une fusée de type super-lourd, développée par la NASA depuis 2011. Avec lui, l’agence spatiale américaine comptait mener son programme Artemis, celui du retour des Occidentaux sur la Lune, et de l’établissement d’une base sur le sol du satellite naturel. Pourtant, au cours du mois de novembre, la probabilité que Donald Trump gagne les élections de janvier 2025 a fait augmenter, dans le même temps, la probabilité que SLS soit écarté. Le journaliste Eric Berger, responsable des questions aérospatiales chez Ars Technica, relevait ses estimations à 75 % de chance d’abandon au début du mois de décembre.
Le destin de la fusée SLS a de nouveau pris un coup en ce début d’année alors que Boeing a averti son équipe responsable du Space Launch System de licenciements potentiels, au nombre de 400, d’ici le mois d’avril. À nos confrères de Gizmodo, Boeing déclarait par mail : « Nous travaillons avec notre client et recherchons des opportunités de redéploiement des employés dans toute notre entreprise pour minimiser les pertes d’emplois et conserver nos talentueux coéquipiers. » Le lanceur lourd n’est pas exclusivement produit par Boeing, mais la société en est responsable de l’étage principal. Après un premier vol avec Artemis I le 16 novembre 2022, SLS devait repartir en 2026.
Qualifiée de « cauchemar budgétaire », la fusée avait déjà été estimée à 93 milliards de dollars entre 2012 et 2025 avec le programme Artemis, dont les coûts stricts de SLS auraient été de 23,8 milliards de dollars jusqu’en 2022, annonçait le Bureau de l’inspecteur général de la NASA (OIG), dont l’audit date de février 2022 à avril 2023. Les dépenses de la NASA pour utiliser le SLS ne seraient pas près de ralentir, alors que chaque lancement dépasserait le milliard de dollars. Une part importante des 24 milliards de dollars par an alloué par le gouvernement fédéral américain à son agence spatiale.
![Artemis 2 Fusee Sls 2024 Juillet](https://www.01net.com/app/uploads/2024/07/artemis-2-fusee-sls-2024-juillet.jpg)
Le rôle de Boeing dans l’échec de la fusée SLS
Boeing ne serait pas seulement une victime de la situation, si l’on se penche sur un autre audit de l’inspecteur général de l’espace en 2024, qui critiquait « la gestion inefficace de la qualité et le manque d’expérience de la main-d’œuvre de Boeing, les augmentations continues des coûts et les retards dans les délais, ainsi que l’établissement tardif d’une base de référence des coûts et du calendrier », concernant l’étage supérieur d’exploration de la fusée SLS. Celui-ci aurait dû être livré début 2021, mais son développement ne devrait pas être terminé avant 2027. Entre-temps, SpaceX et Blue Origin ont mis au point leur version d’un lanceur lourd : Starship et New Glenn.
Ce n’est pas pour rien que le patron de SpaceX et nouveau bras droit de Donald Trump, Elon Musk, ne se gênait pas à critiquer Boeing et le lanceur SLS. « L’architecture d’Artemis est extrêmement inefficace, car il s’agit d’un programme de maximisation des emplois, et non d’un programme de maximisation des résultats » déclarait l’homme, qui ajoutait : « il faut quelque chose d’entièrement nouveau. »
Lors d’une conférence de presse exceptionnelle le 6 décembre, l’ancien administrateur général de la NASA, Bill Nelson, prenait la parole pour retarder une nouvelle fois le calendrier d’Artemis. Il proposait un nouveau plan, dans lequel Artemis II serait planifiée pour avril 2026, et Artemis III pour 2027. Plusieurs mois de reports alors qu’Artemis II était planifiée pour septembre 2025. Le patron de la NASA avançait l’excuse de la nécessité d’ajustements sur le vaisseau Orion, situé à la tête de la fusée SLS. Mais il pourrait en être tout autre, si la fusée entière était écartée. D’ailleurs, une piste possible implique que les États-Unis ne cherchent même plus à viser la Lune, mais bien Mars directement, pour quitter la course avec la Chine, et se rapprocher des plans de SpaceX avec Starship.
Lors de son discours d’investiture, Donald Trump n’a tout bonnement pas mentionné la Lune, mais a plutôt parlé de « lancer des astronautes américains pour planter le drapeau américain sur la planète Mars ».
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Source : Gizmodo