Dès demain à Singapour, une deuxième Coupe du monde de football va commencer. Seule différence avec celle qui se déroule en ce moment en Afrique du sud : les rencontres n’opposeront pas des joueurs humains… mais des robots.
Comme chaque année depuis treize ans, la Robocup va voir s’affronter du 19 au 25 juin 2010 des robots autonomes dans un stade miniature, programmés par des équipes universitaires des quatre coins du monde. La Robocup héberge plusieurs compétitions différentes (simulation, robots de petite taille, robots humanoïdes…) qui répondent toutefois toutes au même but : faire avancer l’intelligence artificielle afin que des robots soient capables, en 2050, de battre l’équipe humaine championne du monde de foot.
Un objectif plutôt ambitieux, dont les équipes se rapprochent à petits pas chaque année, en peaufinant mouvements et intelligence de leurs créatures électroniques. La Robocup présente de nombreuses compétitions différentes. L’une plus prestigieuse fait concourir les robots humanoïdes fabriqués par les instituts de robotiques les plus pointus au monde. Quant à l’autre compétition d’excellence, elle verra forcément un participant français gagner.
Quand Nao remplace Aibo
C’est en effet Nao, fabriqué par l’entreprise parisienne Aldebaran Robotics, qui a remplacé le chien robot Aibo, de Sony, comme plate-forme pour la compétition Standard League, dans laquelle tous les participants disposent d’un robot similaire qu’ils doivent programmer au mieux pour remporter la victoire.
Un formidable coup de pub pour cette start-up qui en même pas cinq ans est devenue le leader mondial des robots humanoïdes. « Nous avons répondu à un appel d’offres de la Robocup en 2006 et proposé Nao, nous explique Bastien Parent, porte-parole d’Aldebaran. Notre dossier a été refusé au motif que notre entreprise était trop jeune… »
Sans doute les organisateurs de la Robocup ne souhaitaient pas investir dans un robot qui aurait pu disparaître encore plus vite qu’Aibo, dont le développement a été arrêté abruptement par le géant Sony en 2006. « Nous avons tout de même proposé de venir et de leur montrer le robot. » Quinze jours plus tard, après une démo préparée en vitesse, Nao, visiblement plus intéressant et bien moins cher que la concurrence, devenait le robot officiel de la Robocup.
Pas cher, ou presque : un Nao coûte 12 000 euros pièce et il en faut trois ou quatre par équipe de la Robocup. Aldebaran les vend cependant à prix coûtant aux participants à la compétition, un tarif que l’entreprise ne souhaite pas communiquer. « Nao est bien moins cher que notre principal concurrent, l’HOAP-3 de Fujitsu, qui coûte environ 70 000 dollars », précise Bastien Parent.
Une clinique Nao à Singapour
Nao à la Robocup, c’est en tout cas toute une organisation pour Aldebaran, qui a envoyé une dizaine d’ingénieurs et de techniciens à Singapour pour s’occuper des Nao « blessés ». Comme des médecins, ils vont s’occuper des bobos que les robots vont sans doute collectionner. « Les équipes de la Robocup mettent Nao à rude épreuve, résume Bastien Parent. Ce ne sont pas les chutes qui sont problématiques car Nao a été conçu pour tomber sans problème, mais la programmation. Généralement les participants modifient le robot pour augmenter ses capacités. » Un « dopage » robotique qui épuise les mécanismes des robots, qui nécessitent régulièrement des réparations à la « clinique Nao ».
On saura dans quelques jours quelle équipe aura su tirer parti au mieux des capacités de Nao. L’androïde français poursuit en tout cas son bonhomme de chemin vers de nouveaux horizons. Aldebaran a toujours souhaité en commercialiser une version grand public, qui peine à voir le jour : « c’est un peu de la faute de la Robocup, explique M. Parent. Alors que nous souhaitions commercialiser une version grand public rapidement, nous avons eu beaucoup de sollicitations d’instituts de recherche et nous sommes donc concentrés sur les professionnels. »
Opération réussie, puisque Aldebaran a déjà écoulé 680 unités sur les 1 000 robots produits. Mais l’entreprise n’a pas pour autant renoncé à faire de Nao un produit pour « M. Tout-le-monde ». A la fin de l’année, une centaine de particuliers participeront à un bêta test et profiteront ainsi d’un androïde à domicile, doté d’un programme, lui aussi en bêta, de vie autonome… Le lancement grand public est quant à lui prévu pour le second semestre 2011.
Un extrait de la finale de la Robocup 2009 :
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