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MWC 2017 : Huawei, Moto et Meizu viennent de donner une petite leçon à Apple

Les trois fabricants chinois proposent une nouveauté qui pourrait changer la façon dont nous utilisons nos smartphones.

Oui, ce Mobile World Congress était décevant. En tant que journalistes, nous avons pu faire le tour des produits signés LG, Sony ou Huawei dès les premières heures. Cette année, tous misent beaucoup sur la photo. Des prétentions qui sont bien difficiles à mettre à l’épreuve dans un hall rempli de spots éblouissants. Après avoir pris en main les LG G6 et Huawei P10 en extérieur, nous avons opté pour une découverte plus approfondie de leurs interfaces. Côté sud-coréen, le très grand écran fait son effet. Côté chinois, c’est une fonctionnalité bien plus discrète qui nous a interpellés.

Les avantages du bouton «intelligent»

Sur son nouveau produit, Huawei fait revenir le bouton physique en façade. Il en profite pour lui donner de nouvelles responsabilités. En plus des tâches habituelles – retour à l’écran d’accueil et capteur d’empreintes digitales, il fait désormais office de bouton retour. Comme expliqué lors de notre prise en main, un tapotement nous renvoie à la page précédente. Un swipe horizontal lance la fenêtre multitâche. Ce nouveau mode de fonctionnement a une conséquence importante: la disparition du triptyque bouton principal/retour/multitâche, propre à Android.

Huawei n’est pas le premier fabricant à faire ce choix. Meizu a pris la même direction avec ses derniers modèles. Lors de nos tests, nous n’avons pu qu’apprécier les possibilités offertes par les boutons physiques des smartphones de la marque.

Ils permettent notamment de manipuler son smartphone à une main avec davantage de confort, dans la mesure où le pouce n’a pas à aller chercher le bouton retour. Ces fonctions permettent également de se passer de pictogrammes, différents d’un fabricant à l’autre. Elles offrent donc le luxe de ne pas avoir à changer ses habitudes lorsqu’une marque décide de figer les boutons retour et multitâche.

De l’anecdote à la tendance

Huawei a intégré un système comparable dans le Magic, le smartphone anniversaire lancé par sa filiale Honor – réservé au marché chinois pour le moment. Avec quelques subtilités: pour revenir en arrière, il faut effleurer le bouton de gauche à droite. Un double appui lance quant à lui le mode multitâche.

Avec Meizu, ce nouvel usage relevait de l’anecdotique. Lorsque le troisième fabricant de smartphones au monde s’y met, il prend une dimension bien plus importante. Il se renforce encore lorsque Lenovo l’adopte pour son Moto G5, toujours avec un swipe sur le bouton principal – de droite à gauche, cette fois. Bon marché, l’appareil est bien placé pour démocratiser la notion de bouton «intelligent».

Ces trois acteurs démontrent qu’il est possible d’allier la fonction la plus importante d’Android à un environnement qui pourrait être celui d’un iPhone. De nombreux anciens utilisateurs de l’OS de Google regrettent l’absence d’une fonction retour totalement indépendante de l’ergonomie des applications tierces.

Apple a probablement conscience de ces lacunes. En 2015, iOS 9 intégrait une fonction retour matérialisée par un raccourci vers l’application précédente, situé dans le coin supérieur gauche de l’écran. Le Californien compte également sur le balayage d’écran pour revenir en arrière, disponible dans certaines applis. Mais il reste lié aux choix des développeurs – ce qui est finalement assez éloigné de sa philosophie.

Apple y était presque

Fréquemment, l’utilisateur est contraint d’aller chercher une flèche en haut de l’écran. Avec des formats de plus en plus grands, le mouvement n’est pas le plus agréable. Apple a trouvé la parade – en frôlant la solution de Meizu, Huawei et Moto – avec un double tapotement faisant descendre tous les contenus de quelques centimètres.

Apple

Le bouton de l’iPhone permet déjà d’ouvrir le mode multitâche après un double appui. Il est peu probable qu’après avoir lancé le 3D Touch, Apple n’ait pas pensé à jouer sur les niveaux de pression pour offrir une fonction retour.

Trois explications s’offrent à nous:

  1. Apple estime qu’il est trop risqué de bousculer les habitudes de ses utilisateurs.
  2. Apple estime que le risque d’appui accidentel est trop important.
  3. Apple estime que l’arrivée d’un bouton retour n’intéresse pas ses utilisateurs.

Dans les trois cas, l’expérimentation à grande échelle de ses concurrents pourrait pousser l’Américain à sauter le pas… ou à intégrer un bouton retour virtuel en cas de suppression du bouton principal.

À lire : L’iPhone 8 pourrait embarquer un immense écran Amoled de 5,8 pouces

Le mouvement initié par Meizu, Huawei et Moto s’oppose cependant aux stratégies de Samsung et LG, qui préfèrent sacrifier le bouton physique au profit d’un écran géant. Pour la navigation, les sud-coréens misent sur des boutons virtuels plus traditionnels. Aujourd’hui, le bouton «intelligent» est un cercle de métal. Rien ne dit qu’il ne deviendra pas virtuel. Sur Android comme sur iOS, on peut alors rêver d’une zone tactile permettant de tout faire en quelques mouvements de pouce. Le trio chinois aurait alors réussi à unir le meilleur des deux mondes.

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Raphaël GRABLY