Le Web a-t-il encore un avenir sur nos smartphones ? Pas vraiment si l’on en croit App Annie, la principale société d’analyse de l’utilisation des applications. « Les applications représentent 85 % du temps passé sur nos smartphones. Sur une heure, nous utilisons des applications pendant 51 minutes », nous indique Thierry Guiot, directeur de la société pour l’Europe du Sud. Ne reste donc qu’une portion congrue pour les usages web.
Et cette tendance se confirme de plus en plus : « Nous estimons qu’en 2016, l’ensemble des utilisateurs de smartphones ont passé 900 milliards d’heures sur leurs applications, en augmentation de 25 % par rapport à 2015. Les propriétaires de smartphones utilisent en moyenne entre 30 et 40 applications par mois », précise-t-il. Une tendance lourde notamment tirée par les pays émergents : « Leur première expérience de connexion à Internet passe en priorité par le mobile et donc les applications. Ils sont bien mieux équipés en infrastructures 3G et 4G qu’en connexions à leurs domiciles. »
Plus d’un million d’applications analysées en permanence
Pour pouvoir tirer ces conclusions, la société, d’abord fondée en Chine par le Français Bertrand Schmitt et dont le siège est désormais installé à San Francisco, s’appuie sur deux piliers. D’un côté l’analyse des meilleures ventes communiquées par le Play Store ou l’App Store et leur évolution, mais aussi des données récoltées par des applications éditées par App Annie. Par exemple, My Data Manager qui propose de gérer au mieux les flux de données de son smartphone. De l’autre, celle des données rassemblées et anonymisées par leurs clients, développeurs d’applications. « Notre outil permet d’accompagner les entreprises pour gérer au mieux les investissements faits dans leurs applications », explique Thierry Guiot.
Ce sont ainsi plus d’un million d’applications qui sont analysées par App Annie, avec 700 000 utilisateurs quotidiens. Cette activité permet alors d’estimer leur taux d’engagement, le temps passé sur les applications et leur fréquence d’utilisation. « Nous mélangeons alors toutes ces données et nos algorithmes font le reste pour dégager ces grandes tendances, notre métier est vraiment basé sur le big data et l’analyse de données », raconte Thierry Guiot.
L’App Store et le jeu vidéo, grands vainqueurs
C’est ainsi que la société peut constater la prédominance de l’App Store d’Apple sur le Play Store de Google, malgré sa part de marché écrasante. Sur les 88 milliards de dollars dépensés dans les applications en 2016, plus des deux tiers le sont sur le store d’Apple. « C’est aussi bien dû au fait que les possesseurs d’iPhone ont plus de pouvoir d’achat qu’à l’environnement sécurisé d’Apple qui met plus en confiance », analyse Bertrand Salord, directeur marketing Europe de la société. Mais il existe par exemple des tendances contraires, comme en Allemagne où les dépenses dans le Play Store sont majoritaires : « Les Allemands n’aiment pas enregistrer leurs coordonnées bancaires en ligne, il préfèrent donc acheter sur le Play Store qui permet de facturer directement sur l’abonnement à son opérateur ».
Si les services bancaires, le commerce en ligne et la consommation de médias sont désormais les tendances les plus en vue en matière d’applications, le jeu vidéo reste le roi.
Il représente ainsi 85 % des revenus générés sur les boutiques en 2016. « Cette année a notamment été marquée par l’arrivée de Pokémon Go qui a généré 950 millions de dollars de recettes en six mois, un record total », détaille Bertrand Salord. Mais surtout, son usage en réalité augmentée inspire d’autres applications très éloignées du jeu vidéo. « Une enseigne de distribution a par exemple intégré dans son application une chasse au bon de réduction dans les rayons de ses magasins sur le même principe », s’amuse Thierry Guiot. L’un des meilleurs exemples de la porosité du monde des applications et de l’innovation constante à laquelle il est désormais soumis.
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