Lors de la fusion Vivendi-Universal, la presse fut obnubilée par Hollywood, ses palmiers et ses stars. Or l’échec ou le succès du rapprochement des deux entreprises se joue dans le domaine de la musique. Procès, rachats de Napster et MP3.com, investissements de plusieurs centaines de millions de dollars : les majors ont décidé d’occuper le terrain, d’embrasser le net à bras le corps et d’y miser leur chemise.Jamais dans l’histoire du net une stratégie d’une telle complexité et d’une telle ampleur ne s’était encore développée.On avait connu la flambée des fournisseurs d’accès et des sites B to C, la plupart du temps des start-up, montée aussi vite qu’elle est retombée. On a observé la floraison de courtiers en ligne et de banques virtuelles, transposant sur le réseau des métiers déjà connus.Et, dans le domaine des médias, les demi-échecs de BOL (Bertelsmann) et de Vizzavi (Vivendi) sont sans conséquences sur le c?”ur de l’activité des deux groupes. Dans la musique, la situation est tout autre. Même s’il est impossible de le prouver, internet et sa culture ado-libertaire ont contribué à limiter la vente de CD.Dans Libération, il y a quelques jours, Manu Chao expliquait d’ailleurs qu’il faudrait être idiot pour s’acheter un disque. Reste pour les majors à relever au moins trois défis. Savoir passer du métier d’éditeur à celui de distributeur. Convaincre l’internaute de l’utilité d’une consommation à péage. Et sallier entre concurrents pour rendre accessibles tous les catalogues.Si elles y parviennent, internet y gagnera un réel avenir commercial, Vivendi Universal sera véritablement un succès, les Messier et autres Middelhoff verront leur légitimité confortée. Mais le risque de concentration culturelle sera plus présent que jamais.
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