News Corp, le groupe de communication de Rupert Murdoch, est-il le mieux placé pour reprendre DirecTV, la première plateforme américaine de télévision par satellite de Hughes (General Motors), et la faire entrer de plain-pied sur le marché prometteur de la télévision interactive (TVi) ? Les récents déboires de sa filiale Open, en Grande-Bretagne, ne plaident pourtant pas en sa faveur.Créée en 1997 avec Matsushita, HSBC et BT, la plateforme de télévision interactive Open devait permettre de développer une offre de services autour de B Sky B, l’unique opérateur britannique de télévision par satellite, contrôlé par News Corp. Mais devant le maigre succès rencontré auprès des abonnés, le couperet est tombé le 9 mai, lors de la présentation à Londres des comptes trimestriels de B Sky B. Open est fermée purement et simplement, avec à la clé 300 licenciements et une provision de 40 millions de livres (65 millions d’euros) pour le premier trimestre. Une partie des activités d’Open sera intégrée à une structure de B Sky B, Sky Interactive.Ce faux pas ne saurait pourtant remettre en cause les ambitions de Rupert Murdoch sur le premier marché audiovisuel mondial. Le patron de News Corp négocie sans relâche avec Hughes Corporation la reprise de DirecTV. Il est même parvenu à impliquer Microsoft dans les discussions. Le numéro 1 mondial du logiciel est prêt à investir 3 milliards de dollars pour un strapontin qui lui permettrait de diffuser ses produits à des dizaines de millions d’exemplaires. Microsoft est déjà présent dans le câble aux États-Unis, par sa participation dans AT&T, l’un des deux premiers câblo-opérateurs du pays. La logique est constante : ne pas dépendre uniquement de l’univers du PC pour diffuser des logiciels qui permettent d’aller sur le net ou de gérer des services interactifs. DirecTV a déjà attiré 10 millions d’abonnés. Rupert Murdoch, déjà bien implanté dans l’audiovisuel américain avec les chaînes Fox, Fox News et Fox sports, croit pouvoir multiplier les opérations de promotion sur ses programmes et doubler ainsi le nombre des clients de DirecTV. Renforcée, la plateforme de programmes serait alors réunie aux autres activités satellites de Rupert Murdoch en Grande-Bretagne, Amérique latine, Australie, Asie… Elle se concentrerait sur sa mission: gagner plus d’abonnés et extraire plus de dollars de ses clients.Paradoxalement, le projet ” Sky Global Networks ” de l’Australo-Américain pourrait même donner un coup de fouet à la télévision interactive américaine . Pour l’heure, ce marché piétine aux États-Unis, et l’expertise de News Corp, acquise en Grande Bretagne, serait bienvenue, malgré ses ratés. Selon les évaluations du cabinet de consultants Jupiter Media Metrix, la TVi ne touchera cette année que 6 millions de foyers aux États-Unis. Mais l’institut américain table sur 46 millions de foyers branchés en 2005… Même si, pour l’instant, la machine peine à s’emballer.Aux États-Unis, aucune technologie ne s’est vraiment imposée : satellite, câble… En outre, les sociétés américaines ont adopté une stratégie totalement différente de leurs cons?”urs européennes. “ B Sky B donne ses boîtiers et crée la liaison interactive avec l’abonné, commente Michael Goodman, un analyste du Yankee Group. Les Américains, eux, ne donnent rien. Ils vendent leurs décodeurs plus de 300 dollars (341 euros), ajoutent un abonnement mensuel de 10 dollars et les clients ne se précipitent pas.” Aujourd’hui, les compagnies les plus en pointe sur la TVi sont les opérateurs du câble (4 millions de convaincus), mais leurs expériences restent limitées. Les câblo-opérateurs multiplient les essais dans une douzaine de grandes villes et avancent un pion après l’autre. “ Il y a trois ans, Comcast a fait avancer le câble numérique, reprend l’expert du Yankee Group. L’année suivante, il a développé l’internet à haut débit et cette année il se concentre sur la vidéo à la demande sur 6 à 8 marchés majeurs.“On est loin des merveilles évoquées par les admirateurs de la TVi : les cotations en direct, l’achat express de la petite jupe repérée dans le feuilleton dominical… Mais, selon différentes études, on comprend mieux l’appétit de Rupert Murdoch. Fin 2000, le cabinet Ovum pronostiquait 144,5 millions d’utilisateurs de télévision interactive dans le monde en 2005. À la même échéance, les services interactifs généreront 62 milliards de dollars de revenus, dont au moins 95 % en Europe de l’Ouest, aux États-Unis et au Japon. Enfin, à lui seul, le ” t-commerce ” apportera aux opérateurs, qu’ils soient présents sur le câble, le satellite ou le numérique hertzien, des revenus proches de 45 milliards de dollars.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.