01net. : Vous prenez la présidence de l’Association pour le commerce et les services en ligne, l’Acsel. Quelle va être votre action ?
Pierre Kosciusko-Morizet : L’Acsel, qui avait jusqu’à il y a peu une forte coloration e-commerce, regroupe aujourd’hui 200 membres aux activités variées : des fournisseurs d’accès à Internet, des opérateurs mobiles,
des avocats spécialisés dans le numérique, des courtiers… Nous allons continuer à ouvrir l’association pour parler d’une seule voix, notamment en matière de développement numérique. Nous voulons accompagner la France dans ce domaine et
comptons également acquérir une dimension internationale.A trop élargir une association, n’y a-t-il pas un risque qu’elle défende moins bien ses différents membres ?
L’Acsel n’a pas vocation à devenir un lobby. Si des sujets ne concernent qu’une catégorie des métiers représentés au sein de l’association, nous n’avons pas à intervenir. D’autres organismes existent pour cela, comme la Fevad pour les
sites d’e-commerce et la vente à distance ou l’AFA pour les fournisseurs d’accès à Internet.L’un des grands objectifs de l’association était de donner confiance aux consommateurs. Maintenant que de plus en plus d’internautes font leurs achats sur le Net, l’Acsel a-t-elle encore une raison d’être ?
Ce n’était pas le seul objectif de l’association. Si le problème de la confiance est réglé, celui de l’accès ne l’est pas. Seul un foyer sur deux à accès à Internet, alors que le taux de connexion est de 75 % chez nos voisins
européens. Les gouvernements successifs ont annoncé une série de plans, sans rien mettre en ?”uvre concrètement. L’Irlande va investir plus de 430 millions d’euros dans le déploiement de l’Internet haut débit. A l’inverse, en France, le
gouvernement va limiter la croissance d’Internet
en taxant les FAI.Justement, comment jugez-vous cette future taxe sur les opérateurs et sur les FAI pour financer l’audiovisuel public ?
Taxer les FAI va contre le sens de l’histoire, alors que les autres pays cherchent dans le même temps à défiscaliser les nouvelles technologies, par un abaissement de la TVA par exemple. Au final l’impact de cette taxe sera peut-être
marginal sur le développement d’Internet en France, mais il sera négatif. Si c’est pour prendre des mesures négatives, autant ne rien faire.Quelle est la position de l’Acsel par rapport à la loi Chatel, qui a notamment renforcé les obligations des cybermarchands à l’égard des consommateurs ?
Nous ne voyons pas à quelle problématique répond
la loi Chatel. 99 % des gens qui ont déjà acheté en ligne se déclarent prêts à renouveler l’expérience. Aucun secteur
d’activité n’a ce taux de satisfaction.Pourtant la DGCCRF (1) a annoncé que 32 % des plaintes dans le secteur de la vente, tous canaux confondus, concernaient le commerce en ligne. Les sites
ATK Discount
et MultiDiscount
sont poursuivis pour avoir ‘ arnaqué ‘ des milliers de clients. Ne fallait-il pas
légiférer ?
La loi n’encadre que ceux qui la respectent. Multiplier les lois en matière d’e-commerce n’empêchera en rien la fraude organisée sur Internet. Dans le cas d’une escroquerie avérée, il faut renforcer les poursuites. Quant aux chiffres
présentés par le ministre pour faire passer la loi, ils ne représentent pas la réalité. Le baromètre de la DGCCRF faisait un amalgame avec les FAI, car il recensait également les plaintes les concernant.Certains sites d’e-commerce et certains FAI avaient fait de leur hot line surtaxée un véritable modèle économique. Etait-ce bien normal ?
Ce n’est pas l’esprit de cette mesure que l’Acsel conteste. D’ailleurs, chez PriceMinister, le service clients est joignable par e-mail, donc gratuitement. Mais, à l’Acsel, nous regrettons que les opérateurs Internet n’aient pas été
consultés au préalable. De plus, cette loi n’est pas applicable en l’état. Elle n’explique pas concrètement à partir de quel moment la communication doit être facturée au client.Qu’attendez-vous d’Eric Besson, le nouveau secrétaire d’Etat au Numérique?
Il faut doter le secrétariat d’un vrai budget, afin qu’il développe l’accès à Internet, en favorisant notamment l’équipement informatique des foyers. Il doit centraliser tous les projets numériques. Pour le reste, attendons de voir ce qui
ressort des
Assises du numérique, quelles idées seront retenues et comment elles seront mises en ?”uvre.A l’inverse de l’hiver dernier, Internet ne semble pas avoir bénéficié des soldes. Comment l’expliquez-vous ?
Plus Internet est ‘ mûr ‘, plus l’effet des soldes devient le même en ligne que dans les boutiques physiques. La courbe d’activité liée aux soldes est molle sur Internet comme ailleurs car les consommateurs,
inquiets, se montrent attentistes.(1) Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.