C’est l’un des dommages collatéraux de l’affrontement entre France Télécom et l’Autorité de régulation des télécommunications. Pour faire bonne figure, l’opérateur historique français a annoncé au printemps dernier la création d’un nouveau type de ligne ADSL : le 128 Kbit/s.C’est quatre fois moins rapide que l’ADSL que vous connaissez aujourd’hui, mais c’est aussi censé être moins cher. Et ça arrive dans les chaumières.La plupart des fournisseurs d’accès français vont lancer leurs offres à 128 Kbit/s entre le mois d’octobre et la fin de l’année. Le tarif sera adapté au débit réduit : de 35 euros par mois aujourd’hui, on pourrait passer à 25 voire 20 euros si l’un des FAI français décide de remettre de l’argent sur la table.Bref, un prix qui commence à être décent pour un accès ” toujours connecté ” au Net. De quoi, peut-être, relancer le nombre des nouveaux abonnés, qui fait un peu grise mine depuis un an.L’accès par ADSL n’est pas le seul concerné par cette baisse des prix à venir. Sur le câble cette fois, Noos propose dès aujourd’hui une ligne à 128 Kbit/s pour 29 euros environ. Et sur l’accès commuté, le vieux RTC, AOL a lancé il y a quelques semaines son offre d’accès illimité à 19 euros environ.Pourquoi ces nouvelles offres ? Tout simplement parce que le porte-monnaie du ” Français d’en bas ” n’est pas élastique. C’est le credo de Stéphane Treppoz, le PDG d’AOL en France. Et il a raison.Le Français d’en bas ?” pour qui Internet n’est qu’un loisir parmi d’autres (contrairement à nous, drogués au point de vouloir le mettre dans nos téléphones) ?”, le Français d’en bas, lui, va au cinéma, paie ses factures de téléphone portable, les factures de téléphone portable de ses enfants ?” qui ont téléchargé 150 logos pas beaux le mois dernier ?”, achète des livres, des CD, des DVD (enfin ça c’est le Français du milieu), des magazines, etc. etc.Donc il ne peut pas sortir 40 euros par mois pour avoir une connexion au Net de meilleure qualité. Avec des offres à débit plus ou moins réduit, mais tout de même supérieur à celui d’un modem, et surtout avec la facilité d’usage d’une connexion de type ” toujours connecté “, nos FAI espèrent le séduire. Et il est à peu près certain qu’ils y arriveront. Tant mieux.Seul problème : cela en vaut-il vraiment la peine ? Je suis bien sûr pour l’accès à Internet du Français d’en bas, ne nous méprenons pas. Mais est-il vraiment honnête de lui fourguer une ligne ADSL toute riquiqui ou un accès RTC ” illimité si y’a pas trop de monde ” ? N’est-ce pas déjà, malheureusement, un combat d’arrière-garde ?Regardons ce que font nos amis européens, asiatiques, américains. Ils utilisent du Wi-Fi, le réseau sans fil à haut débit, ils mettent en place de gigantesques boucles locales de fibre optique (ou rachètent pas cher des boucles d’opérateurs en faillite). Et ils proposent quoi ? De l’Ethernet à 10 Mbit/s, pour tous, à 25 euros.Bien sûr, tata Jocelyne elle a pas besoin de 10 Mbit/s avec ses applications existantes. Mais pour développer les usages autres qu’envoyer des mails et surfer sur des sites d’images pornographiques, n’est-on pas un peu à l’étroit dans 128 Kbit/s ?L’année qui s’ouvre sera la plus morose du secteur depuis plus de 5 ans. C’est justement maintenant qu’il faut un peu, de nouveau, rêver. Je veux un accès à 10 Mbit/s pour 25 euros par mois. C’est viable économiquement. Je ne veux pas d’une ligne toute bridée que France Télécom me file au rabais. Je ne veux pas avoir accès au sous-Internet du pauvre, je veux tout et tout de suite.Bon programme, non ? Et une mission de plus pour Jean-Pierre Raffarin…Prochaine chronique jeudi 26 septembre* Grand reporter au Nouvel Hebdo
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