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Montpellier digère l’après-krach

La capitale languedocienne ne mise plus uniquement sur internet. Elle veut attirer les entreprises des technologies de l’information au sens large.

Arrivé il y a moins d’un an à Montpellier sur le site industriel d’IBM, Eloan, le spécialiste du crédit sur internet avait recruté 25 personnes et promettait de créer 200 emplois pour son futur centre d’appels européen. Entre-temps, la bulle de la net économie a éclaté et, fin janvier, la start-up a mis la clé sous la porte. Les collectivités locales s’apprêtaient à investir de 30 000 à 35 000 francs par emploi créé, dans le cadre d’une politique globale de subventions visant un double objectif : développer l’emploi local, mais aussi asseoir la notoriété de la capitale languedocienne dans le domaine des nouvelles technologies de l’information.Mais Montpellier n’a heureusement pas cédé aux sirènes du tout-internet. ” Nous avons toujours travaillé en priorité sur les technologies de l’information aux sens large. Cela va de l’édition de logiciels de gestion à l’édition de contenus. Les projets de ces entreprises sont moins visibles, mais viennent en complément de l’économie traditionnelle. Ils sont, en conséquence, moins fragilisés par un retournement de conjoncture “, analyse Sylvestre Wozniak, directeur de Cap Alpha, une structure d’accueil pour les entreprises créée par le District de Montpellier.Dans ce contexte, la fermeture d’Eloan est un avatar. Pourtant, dans le milieu internet, l’émulation s’est quelque peu éteinte. Après un an d’existence, les rencontres ” Objectif Thune “, version associative et montpelliéraine des First Tuesday, ont rendu l’âme.

Nouveauté : les soirées e-veille

Déjà, le 23 octobre dernier, date du dernier rendez-vous fixé aux investisseurs et aux ” entreprenautes “, les porteurs de badges verts (les jeunes pousses à la recherche de capitaux) étaient plus nombreux que les badges roses (les financiers). Au milieu de cet environnement morose, à quelques jours d’intervalle, deux start-up ont apporté une lueur d’espoir.Introduite au Marché libre, le 5 février dernier, Multimedia Network Computer (MNC), fondée en 1997 à Montpellier par Marc Andrieu, un ancien distributeur informatique, a battu des records de souscription. Concepteur de Familynet, un produit multimédia grand public qui tient en une boîte branchée sur la télé et un clavier sans fil commandé par infrarouge, MNC voulait lever 100 millions de francs pour franchir le cap d’une production industrielle. Pari gagné : en quatre jours, le titre a gagné 17,7 %.Nexwave, fondée en 1998, vient de réussir sa levée de fonds (41 millions de francs) auprès du bailleur néerlandais Mentor Valley, pour financer le développement et la commercialisation de ses systèmes d’exploitation embarqués. Nexwave devrait créer une centaine d’emplois en 2001. ” La concommitance de ces informations illustre le mouvement du marché, analyse Alain Cohen, avocat d’affaires montpelliérain et l’un des organisateurs d’Objectif Thune. On est entré dans une phase de fonctionnement normal. Les investisseurs sont toujours là. Il y a de l’argent, et des levées de fonds. Simplement, ils sont plus attentifs aux business plan et ciblent des projets bien ficelés. “Dans ce micromarché organisé, les grandes surprises-parties réunissant porteurs de projets et financiers n’ont plus lieu d’être. ” Nous avons joué un rôle d’interface entre les différents acteurs. On estime qu’ils se connaissent et n’ont plus besoin de ces rendez-vous pour nouer des contacts “, conclut Alain Cohen. Le Club de l’Arche, fondateur d’Objectif Thune, organise depuis le début de l’année des soirées “e-veille” où les spécialistes échangent des informations sur les nouveaux marchés ou les dernières technologies.

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Catherine Bernard, à Montpellier