C’est peut-être la plus vaste enquête internationale jamais menée en matière de blanchiment d’argent. Et peut-être aussi le début d’une grande chasse aux monnaies virtuelles. La justice new-yorkaise a annoncé hier, mardi 28 mai, la mise en accusation de l’émetteur de monnaie numérique Liberty Reserve et de sept de ses responsables, accusés d’avoir blanchi six milliards de dollars, issues de toutes sortes d’activités criminelles : fraudes à la carte bancaire, vols d’identité, investissements frauduleux, piratage informatique, pornographie infantile et trafics de drogue. L’enquête, qui a mené à des arrestations en Espagne, au Costa Rica et à Brooklyn, a impliqué les forces de l’ordre dans 17 pays.
Un système opaque
Basée au Costa Rica, Liberty Reserve a été créée en 2006 par Arthur Budovsky, qui fait partie des accusés. C’était une plate-forme de paiement électronique utilisant la monnaie numérique du même nom (LR), permettant à tout individu ayant accès à internet d’envoyer et de recevoir de l’argent, n’importe où dans le monde, en dehors de toute réglementation.
Pour ajouter à l’opacité, les utilisateurs de la plate-forme ne pouvaient pas y virer directement des fonds, mais devaient passer par un tiers, baptisé « échangeur », selon l’acte de mise en accusation. Liberty Reserve, dont les services étaient utilisés dans de nombreux pays, dont le Vietnam, le Nigeria, la Chine et les Etats-Unis, prenait en honoraires 1 % des transferts faits en LR.
Selon un communiqué de la justice américaine, Liberty Reserve aurait permis de mener « au moins 55 millions de transactions illégales pour plus d’un million d’usagers dans le monde entier ». Les transactions étaient « anonymes et impossibles à tracer », les identités n’étaient pas vérifiées.
Dans le collimateur depuis plusieurs années
En réalité, ce coup de filet n’est pas une très grande surprise. Les circuits financiers clandestins liés à Liberty Reserve sont connus depuis plusieurs années. Elles ont notamment été analysées dans un livre blanc réalisé en 2011 par XMCO, société française spécialisée en sécurité informatique. Dans cet ouvrage, le fonctionnement de Liberty Reserve est résumé par le graphique suivant :
Ce vaste coup de filet pose évidemment la question des autres monnaies virtuelles, telles que Bitcoin, où des soupçons commencent à s’accumuler également. Il y a quelques semaines, la justice américaine a saisi les comptes d’un intermédiaire de Mt.Gox, la principale place de marché Bitcoin. Cet intermédiaire n’aurait pas correctement signifié son activité auprès des autorités américaines.
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Source :
Le livre blanc de XMCO
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