Passer au contenu

« Mon smartphone écoute mes conversations » : Kaspersky tord le cou au mythe

Avez-vous déjà eu l’impression que votre smartphone écoute toutes vos conversations ? Qu’il se sert de son microphone pour calibrer les publicités qui apparaitront sur votre écran ? Il s’agit d’un « mythe », et Kaspersky nous explique pourquoi.

Il y a quelques jours, une enquête du site 404 Media a fait grand bruit sur la toile. Le média révélait que Cox Media Group (CMG), une entreprise américaine spécialisée dans les médias, se vantait de pouvoir écouter les conversations des utilisateurs par le biais des micros de leurs appareils connectés, comme leurs smartphones. La société prétendrait pouvoir se servir des informations recueillies dans le cadre de campagnes publicitaires ciblées. 

À lire aussi : Kamala Harris refuse les AirPods et autres écouteurs Bluetooth, et elle a raison

La théorie du smartphone espion

En fait, il s’est avéré que Cox Media Group, qui compte Google et Meta parmi ses clients, a largement surestimé les capacités réelles de ses outils pour convaincre de nouveaux partenaires. Interrogée par Ars Technica, la firme admet entre les lignes avoir exagéré ce que ses outils sont vraiment capables de faire. En fait, Cox Media Group « n’écoute aucune conversation ou n’a pas accès à quoi que ce soit au-delà d’un ensemble de données agrégé, anonymisé et entièrement chiffrée par un tiers qui peut être utilisé pour le placement publicitaire ». La firme « regrette toute confusion ». Finalement, la solution du groupe n’a rien de révolutionnaire pour le marché de la publicité en ligne. C’est pourquoi Google a préféré cesser toute collaboration avec l’entreprise.

Malgré le démenti de Cox Media Group, l’article de 404 Media a ravivé les théories affirmant que nos smartphones nous écoutent en permanence. Sur les réseaux sociaux, on a vu passer une montagne de vidéos et de publications assurant détenir la preuve que les téléphones portables sont des outils d’espionnage conçus pour enregistrer toutes nos conversations privées à des fins publicitaires.

Tout d’abord, on rappellera que les assertions d’une entreprise ne constituent pas une preuve. La société n’a jamais pris la peine de détailler le fonctionnement de son outil. Elle n’a jamais expliqué comment les appareils pourraient enregistrer et envoyer toutes les conversations autour d’eux en direct, sans que le propriétaire le sache. Elle n’a pas non plus dit comment elle aurait obtenu un accès aussi sensible… Par ailleurs, les smartphones Android et les iPhone sont truffés de mécanismes taillés pour empêcher l’écoute de leurs utilisateurs. Apple et Google ont pris des précautions contre ces dérives.

Mais alors, pourquoi a-t-on parfois l’impression que notre smartphone passe sous temps à nous écouter ? Comme l’explique Kaspersky à 01Net, « de nombreuses personnes ont l’impression que leur téléphone portable écoute leurs conversations pour ensuite leur faire parvenir de la publicité en ligne ciblée ». En effet, plusieurs de nos proches se disent convaincus que leur smartphone peut espionner leurs échanges en continu.

On a tous connu cette situation aussi étrange qu’inquiétante. Vous discutez avec votre moitié, un parent ou un ami d’un sujet, comme une future destination de vacances, un achat ou d’un quelconque problème. Une fois que la conversation est terminée, vous faites un tour sur Instagram, Facebook ou X. Surprise : vous tombez sur une publicité qui mentionne le sujet en question. Ce n’est pas de l’espionnage ou de la magie, c’est juste de l’échange de données.

Les causes d’une idée reçue

Dans un premier temps, Kaspersky pointe du doigt « traçabilité des habitudes en ligne ». En fait, votre smartphone analyse constamment toutes vos « habitudes et préférences » en s’attardant sur les sites que vous visitez, les produits que vous regardez, ceux que vous achetez, toutes vos recherches en ligne, ou encore le contenu que vous aimez sur les réseaux sociaux. Votre position géographique est également interceptée par les annonceurs publicitaires, par le biais d’applications comme Facebook ou Instagram. Ce sont ces données, très précieuses pour les géants de la publicité, qui contribuent à l’apparition d’annonces ciblées.

« Si quelqu’un fait des recherches sur des sentiers de randonnée, il est probable que des publicités pour des voyages dans des endroits où la randonnée est populaire lui soient proposées, même s’ils n’ont pas spécifiquement recherché ces lieux en particulier », explique Kaspersky.

Cependant, le suivi des habitudes en ligne n’explique pas pourquoi votre téléphone affiche des publicités relatives à un sujet évoqué dans une conversation. Pour comprendre ce phénomène, il faut savoir que « des appareils situés à proximité ont la capacité de partager des informations entre eux », rappelle Kaspersky dans son rapport. En fait, les smartphones disposent d’une fonction qui leur permet de partager entre eux des informations sur les habitudes d’achat et les préférences de leurs utilisateurs.

« De la même manière que les gens partagent des informations lorsqu’ils parlent, les appareils font de même, dans le but d’améliorer la personnalisation des offres en ligne », souligne la société russe.

De facto, le téléphone de votre collègue, ami ou de votre sœur, va envoyer des informations à votre smartphone lorsqu’ils se trouvent à proximité. En parallèle, il va également recevoir des données. Cet échange de données va aussi venir façonner les publicités qui s’afficheront dans vos applications.

« Nous ne le remarquons pas particulièrement lorsqu’il s’agit de sujets généraux, pensant qu’il s’agit simplement de publicité de masse. En revanche, lorsqu’il s’agit d’un sujet spécifique, tel qu’un voyage dans un pays inhabituel ou un produit ou service particulier, et que nous voyons ensuite des publicités à ce sujet, cela nous interpelle beaucoup plus. Ce sont ces cas spécifiques qui nous donnent l’impression que nos téléphones portables écoutent nos conversations », résume

Kapsersky précise que les appareils n’échangent pas des données, mais des métadonnées. Il s’agit d’informations qui décrivent ou donnent des détails sur d’autres données. Elles permettent de comprendre le contexte ou les caractéristiques des données sans avoir besoin de voir le contenu lui-même. De même, les échanges ne s’appuient sur l’identité du propriétaire d’un smartphone. Les transferts reposent sur l’adresse IP (numéro d’enregistrement Internet) de l’appareil. Ce qui est transmis, ce sont donc des informations générales anonymes, qui ne permettent pas d’identifier les utilisateurs individuellement.

Finalement, les publicités que vous avez reçues sont directement influencées par les habitudes, les gouts et les recherches de la personne avec qui vous discutez. C’est pourquoi on a parfois l’impression qu’une information survenue dans une conversation a été utilisée pour générer des publicités sur notre smartphone.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Florian Bayard
Votre opinion
  1. Désolé mais quand 5 minutes après une conversation orale on se prends des pubs sur le sujet de la discussion … on peut dire ce qu’on veut mais les faits sont là …

    1. Exactement ! quand je parle de fourchettes du bateau du voisin. Et que quelques minutes plus tard, Amaztruc me proposes des services de 16 couverts…

  2. Étonnant cet échange de métadonnées permanent entre téléphones… Ça peut se comprendre si le bluetooth est actif ou si le téléphone est actif en point d’accès wifi. Mais sinon comment ça s’explique ?

    Est-ce que je peux être tracé dans la rue juste en croisant des gens qui on un téléphone ?

    Il serait intéressant de développer ce point.

    1. Echange entre téléphones c’est étonnant en effet.
      Par contre il est possible que le téléphone envoie en permanence la liste des réseaux wifi qui sont captés aux alentours, même sans y être connecté.
      Et comme Google a sniffé tous les noms des réseaux au passage de ses voitures pour Google Street Map elle peut faire le lien. Apple aussi j’imagine et peut-être d’autres.
      Si on capte un réseau wifi d’un partage de connexion d’un autre téléphone, même quelqu’un qu’on ne connait pas et qu’on croise, il doit y avoir un traçage possible.

  3. Kaspersky nous dit non c’est bon c’est parce que vous faites une recherche sur internet et ensuite on vous affiche la publicité.
    Mais effectivement de nombreuses personnes relatent le fait d’avoir simplement eu une conversation, sans avoir fait de recherche.
    Ca devrait pouvoir se prouver assez vite en faisant le test à partir d’un téléphone neuf, nouveau numéro, etc

  4. Personnellement certain que nos téléphones ne nous “ecoutent” pas tout simplement parce qu’il faudrait qu’ils envoient en permanence des giga tera octets de données audio, je reste cependant sur ma faim concernant l’article. Il explique les données que les phones récoltent via nos habitudes, notre surf etc .. mais aucune explication ni argument tangible qui ferait changer d’idée un parano-complotiste….

Les commentaires sont fermés.