Passer au contenu

Mon patron est une star

Les dirigeants n’ont plus pour seule fonction de diriger: ils sont aussi les premiers vendeurs de leur entreprise et l’un de ses premiers vecteurs d’image. Au risque de mélanger les genres.

Sans par ailleurs remettre en cause ses qualités, il est évident que Carly Fiorina doit en partie sa nomination à la tête de Hewlett-Packard à son physique et à son allure. Depuis son arrivée, elle se montre, s’agite, vibrionne, multiplie les apparitions publiques, tient salon dans la presse informatique américaine, incarne l’infatigable VRP médiatique de la réorganisation d’HP, d’e-speak et des e-services, personnification de l’image plus moderne et dynamique que veut se donner l’antique Hewlett-Packard.Au moment de leur choix, les actionnaires de Hewlett-Packard ont estimé avec justesse qu’un PDG ne devait plus seulement être un stratège et un gestionnaire, mais aussi se montrer capable d’assumer un statut de personnage public. Microsoft a en Bill Gates un éternel étudiant, Oracle en Larry Ellison un play-boy international, HP a en Carly Fiorina sa dame de fer et de charme.Autrefois, l’entreprise et le patron portaient le même nom, puis on a oublié le nom du patron qui s’effaçait derrière la marque ; désormais, on connaît le nom de l’entreprise et celui de son PDG, dont la jeunesse et la réussite servent souvent d’appât médiatique et commercial. A l’heure où la corporation anonyme ne fait plus recette, où l’empire bientôt séculaire des plus grosses entreprise mondiales inspire la défiance, les dirigeants ou les fondateurs deviennent un élément essentiel d’une stratégie de communication cherchant à rendre l’entreprise plus humaine et plus séduisante.Avides de success stories, de visages jeunes et de héros exemplaires, les médias américains ont été les premiers à s’intéresser à ceux qui font l’informatique. Marc Andreesen (Netscape), Jeff Bezos (Amazon) ou Steve Case (AOL) sont ainsi devenus de véritables vedettes. Et la France suit dorénavant, s’étant découvert, avec la nouvelle économie, une passion pour les entrepreneurs qui s’affichent dans les magazines et à la télévision.Choyés par les médias, ils deviennent les nouveaux champions de la France qui gagne. Tous ces enfants de Bernard Tapie, seul exemple national de patron médiatique, semblent, comme leur illustre aîné, s’abandonner volontiers aux sirènes du show-biz. Ainsi, Oriane Garcia, égérie de la nouvelle économie et fondatrice de Caramail, fait l’andouille à la télé dans l’émission 3´+Net ; Jean-Michel Aulas est plus connu pour diriger l’Olympique lyonnais que comme éditeur de logiciels de comptabilité CEGID ; Jean-Marie Messier écrit un livre et se raconte dans Paris Match…

Mais gare aux dérapages : si jaime bien que mon patron soit une star, je ne ferais pas vraiment confiance à une star pour être mon patron.Prochaine chronique le jeudi 19 octobre

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Jean-Baptiste Dupin