Meta a annoncé de grands changements en matière de modération. La maison mère de Facebook et Instagram a en effet décidé de mettre fin à son programme de vérification des faits. Le groupe de Menlo Park va désormais confier la modération des contenus à la communauté d’utilisateurs.
Meta se calque ainsi sur l’approche privilégiée par X, autrefois appelé Twitter. Aux dires de Mark Zuckerberg, fondateur de Meta, cette nouvelle stratégie doit favoriser la liberté d’expression sur les réseaux sociaux du groupe. Le créateur de Facebook estime que « les récentes élections semblent être un point de bascule culturel donnant, de nouveau, la priorité à la liberté d’expression », évoquant le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche pour justifier son changement de stratégie.
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Un changement cantonné aux États-Unis… pour le moment
Face au tollé provoqué par cette annonce, Clara Chappaz, la ministre chargée du Numérique en France, est entrée en contact avec la filiale française de Meta. Sur son compte X, la ministre assure avoir « échangé avec la direction de Meta France ».
J’ai echangé avec la direction de Meta France ce soir qui m’assure que cette fonctionnalité ne sera déployée qu’aux Etats-Unis pour le moment. En Europe, le Digital Service Act sera respecté. Croyez en ma vigilance sur le sujet. https://t.co/EWOnqxCnbt
— Clara Chappaz (@ClaraChappaz) January 7, 2025
Comme l’avait annoncé Meta, « cette fonctionnalité ne sera déployée qu’aux États-Unis pour le moment », rapporte Clara Chappaz. Jusqu’à nouvel ordre, l’Europe, et donc la France, échappe aux changements promis par Meta. La modération continuera d’être confiée à des modérateurs et le programme de vérification des faits ne devrait pas disparaître.
L’obstacle du DSA en Europe
Pour le moment, le géant américain n’enfreindra pas le Digital Service Act, le règlement européen sur les services numériques. La ministre assure qu’en Europe, « le Digital Service Act sera respecté ». Elle s’engage à faire preuve de vigilance sur le sujet.
Entièrement applicable depuis le début de l’année dernière, le DSA comprend une série d’obligations spécifiques en matière de modération. Elle oblige les plateformes à mettre en place des outils simples et efficaces permettant aux utilisateurs de signaler les contenus illicites, à publier des rapports réguliers détaillant leurs actions de modération, à identifier et à analyser les risques liés à la diffusion de contenus illégaux.
Surtout, les plateformes, surtout les plus importantes, doivent tout faire pour réduire la propagation des contenus illicites, notamment en intensifiant sa modération. Concrètement, la réglementation recommande d’accroitre le recours à des modérateurs humains ou à des technologies avancées, comme des algorithmes, pour détecter les contenus haineux.
De prime abord, le règlement européen se combine mal avec les nouvelles ambitions de Meta, souhaitant lâcher du lest en matière de modération. Nos confrères de Wired ont d’ailleurs remarqué une série de changements dans les règles en vigueur aux États-Unis, notamment concernant le discours haineux. Meta autorise désormais les internautes à faire des « allégations de maladie mentale ou d’anormalité lorsqu’elles sont fondées sur le genre ou l’orientation sexuelle ». En clair, il est permis d’avancer que les personnes homosexuelles ou transgenres souffrent d’une maladie. Pour le moment, le groupe n’a pas évoqué comment sa nouvelle approche s’articulera en Europe sans enfreindre le DSA. Interrogé par Wired, Meta se contente d’indiquer que ses directives de modération seront bien assouplies dans le monde entier…
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