Habitué à ajuster sans cesse le prix de ses véhicules, Tesla a déclenché un petit ras de marée en fin d’année dernière. La diminution, partout dans le monde, du prix de la Model 3 a eu une conséquence plus savoureuse en France.
En effet, en passant sous les 45 000 euros, la Model 3 est devenue immédiatement éligible au bonus écologique à taux plein. Dès lors, pour l’acheteur français, la baisse déjà conséquente de 6 200 euros a pris des allures d’affaire de l’année avec une diminution supplémentaire de 6 000 euros (ce montant a été diminué de 1 000 euros depuis le 1er juillet). Concrètement, le ticket d’entrée de la Model 3 en France est à 38 800 euros.
Bien sûr, pour s’offrir une Tesla à moins de 39 000 euros, il faut s’asseoir sur un paquet d’options. Mais la Model 3 est réputée être très bien équipée de série et des options telles que l’Autopilot peuvent paraître superflues pour certains utilisateurs. Aussi nous avons voulu savoir ce que valait vraiment la moins chère des Tesla. C’est justement l’objet de cet essai. Nous avons opté pour une Model 3 avec un minimum d’équipement.
Pour être tout à fait précis, notre Model 3 disposait d’une seule et unique « amélioration », sa couleur. En effet, dans sa version basique, la Model 3 n’est disponible qu’en blanc. La robe grise de notre modèle coûte la bagatelle de 1 190 euros, mais il va de soi que cette option n’a aucune incidence sur le comportement de la berline ni sur la vie à bord.
Enfin, et c’est plutôt bon à savoir. L’achat d’une Tesla Model 3 à son prix plancher n’interdit en rien une montée en gamme par la suite. En effet, dans la mesure où la plupart des options sont d’ordre logiciel, elles peuvent être débloquées à tout moment via le processus de mise à niveau du constructeur.
Que manque-t-il vraiment à cette Tesla ?
Début 2020, la Model 3 ne s’est pas contentée d’une baisse de tarif, elle a également gagné quelques équipements, et a opté pour de nouvelles finitions. La nouvelle pompe à chaleur, qui permet de gagner quelques kilomètres d’autonomie, les inserts noirs en lieu et place des traditionnels chromés, les nouveaux boutons mieux finis et autres nouvelles caméras n’ont pas été réservés aux modèles les plus chers.
Concrètement, la Model 3 d’entrée de gamme bénéficie du même habitacle et des mêmes équipements que les versions les plus chères, à quelques détails près.
Concrètement, le jeu des sept différences entre la moins chère des Model 3 et les autres pourrait tourner court. En effet, au premier coup d’œil, il est bien difficile de faire la distinction entre les différentes versions de la berline. Extérieurement, il n’y a qu’un seul changement : l’entrée de gamme ne dispose pas de feux antibrouillards à l’avant. Ajoutons également, que la version Performance peut disposer de jantes spécifiques et ne se contente pas des traditionnels « aéro ».
À l’intérieur, les changements sont à peine plus nombreux et tout aussi peu visibles. En effet, entre la version Standard Plus et la Performance, il n’y a que trois différences :
- Deux haut-parleurs en moins.
- Pas de volant.
- Pas de banquettes arrière chauffantes.
Sur la partie purement matérielle, les changements sont donc réduits à la portion congrue. Que vous achetiez votre Model 3 à 38 800 ou 60 000 euros, les différences sont minimes et l’écart de prix ne se justifie donc pas sur ce point.
Des performances identiques en conduite
S’il est un point sur lequel payer moins cher sa Tesla n’a que peu d’incidences, c’est bien sur le comportement de la berline sur la route. Certes, la version Performance donnera plus de sensations à l’accélération, mais passé ce surplus d’adrénaline limité aux sorties de péages, il faudra se ranger tranquillement sur la voie de droite et limiter sa vitesse pour préserver sa batterie.
Sur la ville et sur le réseau secondaire, les différences sont encore moins notables. La Model 3 d’entrée de gamme fait aussi bien que ses semblables plus onéreuses et souffre des mêmes (rares) défauts, à savoir une direction quelque peu rigide à faible allure et une suspension assez raide.
Qu’en est-il de l’autonomie ? C’est l’un des aspects sur lesquels les différences de performance sont les plus notables.
En effet, entre les 448 km annoncés sur la version Standard Plus et les 614 km de la version Grande Autonomie, il y a une marge plus que conséquente. Mais là encore il convient de replacer la performance de la moins chère des Model 3 dans un contexte plus large.
Avec ses 448 km d’autonomie, la Model 3 Standard Plus offre de meilleures performances en la matière que les Volkswagen ID.3 et ID.4, et même que les Hyundai Kona ou la Kia e-Niro longtemps considérées comme les références du segment.
Dans les faits, l’autonomie record des versions Performance (567 km) et Grande Autonomie (614 km) est certes un avantage mais pas au quotidien. En effet, à moins d’être un grand rouleur, l’autonomie de la moins chère des Model 3 suffit amplement.
Quant à la recharge, elle est certes limitée à 170 kW contre 250 kW pour les modèles plus onéreux, mais il s’agit là aussi d’un compromis acceptable compte tenu de l’écart de prix.
Le logiciel : la clé de voûte des Tesla
Aucune modification esthétique ou presque, pas de changement majeur en matière de performances ou plutôt des performances différentes en fonction des usages… finalement en quoi cette Model 3 « pas chère » est-elle différente des versions à 53 000 et 60 000 euros ? La réponse, comme souvent chez le constructeur californien, est à trouver du côté du logiciel.
En effet, sur la version Standard Plus à 38 800 euros, il est impossible de trouver une partie de ce qui fait le sel de Tesla et que l’on désigne vulgairement par l’appellation Autopilot.
Soyons précis, les assistances à la conduite basique de type régulateur adaptatif de vitesse ou aide au maintien dans la voie sont disponibles dès le premier niveau de finition.
Au-delà et quel que soit le modèle, Tesla propose deux niveaux d’Autopilot. Le premier, sobrement nommé « Autopilot amélioré », ajoute la navigation en Autopilot, le changement de voie automatique, et les aides au stationnement. Il est facturé 3 800 euros.
Le second niveau, la « capacité de conduite entièrement autonome » comprend toutes les aides du niveau de base, mais se présente surtout comme une promesse pour l’avenir, et ne transforme quoi qu’il en soit pas votre voiture en véhicule totalement autonome. Certes, il ajoute aux compétences précédemment citées la reconnaissance de la signalisation, mais il s’engage surtout à apporter à la Model 3 la conduite automatisée en ville lorsque celle-ci sera autorisée par le législateur et bien sûr maîtrisée par Tesla.
En d’autres termes, cette option représente la garantie d’avoir un véhicule toujours à jour du point de vue de l’Autopilot. Sur notre version d’essai, rien de tout cela, vous l’aurez compris et après une petite semaine au volant de cette Model 3 leur manque ne s’est pas fait ressentir outre-mesure. Surtout, il faut garder en tête qu’elles restent activables même des mois après la date d’achat.
Absent également : le pack de connexion premium. En effet, au-delà de la période d’essai gratuite d’un mois, l’utilisateur de la Model 3 Standard Plus perd une partie des options de connectivité de sa voiture.
Dans le détail, il s’agit de l’option « vue satellite » sur la partie navigation, de la visualisation de la circulation en temps réel et bien sûr des options d’agrément telles que Spotify ou Netflix.
Notez tout de même que ces options restent accessibles. En effet, c’est la partie data de la Model 3 qui est inopérante lorsque la connectivité premium est absente. Les fonctionnalités, elles, existent. Elles sont donc utilisables, même sans abonnement, si vous utilisez votre smartphone en partage de connexion.
Symbolique de la vision de Tesla
Le fait que l’essentiel des différences, hors capacité de la batterie, entre une Model 3 Standard Plus et une version Grande Autonomie soit d’ordre logiciel en dit long sur la vision que Tesla a de l’industrie automobile.
En effet, Elon Musk aime à rappeler que la valeur réelle de ses véhicules réside dans leurs capacités « intelligentes », et non dans la partie mécanique. C’est la raison pour laquelle le prix de l’Autopilot ne cesse de grimper. L’option qui coûte aujourd’hui 7 500 euros était facturée 2 700 euros il y a deux ans. Le fantasque patron du groupe n’exclut d’ailleurs pas que son tarif dépasse un jour les 100 000 euros. C’est une approche assez unique dans l’univers automobile. En effet, chez les constructeurs traditionnels, la montée en gamme se fait certes sur le niveau de la motorisation, mais aussi sur les équipements à bord et sur la qualité de finition.
Verdict : le coup de cœur électrique du moment ?
Payer une Model 3 moins cher ne revient pas à s’offrir une Tesla au rabais. Le parti pris de Tesla sur la Model 3 d’entrée de gamme valide la philosophie qu’Elon Musk veut appliquer à l’automobile. Comprenez que la valeur de la voiture ne réside pas dans ses équipements ou ses composants mais bien dans son logiciel. C’est exactement le cas ici.
En payant 16 000 euros de moins que la version Performance, l’utilisateur dispose d’une voiture qui à l’extérieur et à l’intérieur est quasi identique à la version premium. La différence se fait certes sur les performances (un second moteur et une batterie plus importante) mais elle n’est pas fondamentale, on reste sur une voiture performante et confortable. A tel point, qu’il est légitime de se demander s’il est vraiment intéressant d’opter pour une version plus chère de la Model 3.
À moins de faire de longs trajets régulièrement, le gain en autonomie ne justifie pas le surcoût imposé. Quant aux différences de performances, elles passent presque inaperçues dans une usage quotidien classique. Concrètement, à moins de 39 000 euros, la Model 3 n’a pas de rival sur le marché et reste selon nous l’un des meilleurs achats du moment.
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