Vous avez vécu la net économie en direct live et vous n’avez pas renoncé au look barbichette-boule à zéro après la liquidation de votre start-up ? Vous n’avez jamais travaillé dans une start-up, mais vous aimez bien passer un CD “vu à la télé” qui vous donnera l’impression d’être branché avant d’aller faire dodo ? Vous venez de découvrir la techno ?” ça bouge bien ! ?” mais vous préférez la qualité Hi-Fi à la “Jungle” saturée des raves dans la boue ?Dans ces trois cas de figure, vous allez adorer 18, le nouvel album de Moby ! Sempiternelles vocalises soul, habiles emprunts à une musique que l’on appelait autrefois le blues, imparables rythmiques breakbeat sur nappes de synthé planantes… Pour cet opus, le brillant DJ new-yorkais Moby n’a pas modifié d’un sample la recette synthétique qu’il a inventée voilà 10 ans et qui a fait le succès planétaire de Play, en 1999… Véritable bande-son des années start-up, ce premier album grand public très marketé s’est vendu à plus de dix millions d’exemplaires et a inspiré la production musicale récente. Bref, la tentation de prendre Play et d’appuyer sur la touche repeat était (trop) grande pour Moby et sa maison de disques Virgin.Résultat, 18, un album qui porte bien son nom puisqu’on a un peu l’impression que Moby nous rejoue 18 fois Play. Sur la jaquette, l’artiste présente d’ailleurs son nouveau CD comme une “collection de chansons pour MP3”?” à copier, coller, couper ? Circonstance aggravante, le son, trop léché, est beaucoup moins “natural blues” que sur l’album précédent. N’est pas Beck qui veut ! À ce propos, allez donc faire un tour sur
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: on y apprend que le génial bricoleur de sons californien vient d’enregistrer deux hommages blues et country (“Tribute to Mississippi John Hurt” et “Tribute to Hank Williams “).Mais revenons à notre mouton : comme Moby est un bon pro, 18 s’écoute. L’album réserve même quelques bonnes surprises, à commencer par l’excellent single d’ouverture, “We Are All Made of Stars”, qui invoque les mânes new-wave du fameux “Heroes” de David Bowie (1977). Comme un clin d’?”il au “Major Tom” du même Bowie, Moby pose en costume d’astronaute kitsch sur la pochette et dans le clip réalisé par Joseph Kahn (sur
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). On se prend à rêver d’un album à la hauteur de cette élégante entrée en matière ! Las, boum-boum et vocalises sans imagination reprennent vite le dessus. Les éclairs d’originalité de l’album doivent beaucoup aux invité(e)s de Moby : Azure Ray ?” un duo de filles d’Athens, Georgie ?” nous offre une belle ballade minimaliste, “The Great Escape” ; la rappeuse MC Lyte (
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) et sa copine Angie Stone (
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) s’invitent pour un bon groove (“Jam For Ladies”) ; enfin, la fascinante Sinead O’Connor (
www.sinead-oconnor.com
) prête pour 6 minutes sa belle voix celtique (“Harbour”).18 laisse à l’auditeur un air de déjà entendu, mais il ne faut pas désespérer de Moby : sous ce crâne chauve, il y a encore assez de talent pour concocter une BO planétaire, plus aventureuse… En attendant, précipitez-vous sur Music Kills Me, l’excellent nouvel album du groupe montpelliérain Rinôcérose (à écouter sur www.v2.fr/rinocerose.htm) : 100 % house-rock, la “French touch” a encore frappé !“18 “, Moby, Mute Records, chez Labels, Virgin.
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