Lancée début 2000, la plate-forme B to B
mobilitis.com est à la fois un guide d’achat et une place de marché. Son objectif : assister les entreprises dans l’organisation logistique de leur déménagement ou de leur réaménagement. Afin de faire face à l’évolution de son modèle économique et de rassurer les investisseurs, les dirigeants de la start-up ont souhaité redévelopper leur plate-forme au coût le plus compétitif, en recourant à des programmeurs russes.Outre la documentation et le conseil, mobilitis.com propose sur le web un outil gratuit de gestion de planning, ainsi qu’une marketplace de prestataires susceptibles de répondre aux appels d’offres en ligne. “Le cahier des charges initial de notre premier site fonctionnait autour de notre système de gestion de planning gratuit du déménagement, c?”ur de notre offre en ligne, explique Pierre-André d’Ornano, directeur général et cofondateur, avec Fabien Rémurat, de mobilitis.com. Lorsque nous sommes passés à des services payants, tout le back office d’administration était à revoir. D’autant qu’un système de crédit à jetons mis à la disposition des prestataires reste complexe à gérer. Il devait offrir la possibilité de recharger son compte à la volée et d’autoriser des découverts. Et surtout d’offrir des conditions particulières à certaines sociétés de services.”
Une SSII française qui développe de l’étranger
À l’origine, le site a été conçu avec PHP sous MySQL, un serveur que Mobilitis trouvait un peu limité. La start-up, alors en quête de fonds, estimait qu’un nouveau développement en ASP constituait une garantie de sérieux plus importante vis-à-vis des investisseurs. L’ancien prestataire ne sachant pas effectuer cette traduction, Mobilitis s’est tourné vers Tubbydev, une SSII française dont les développeurs résident à Moscou. Outre des coûts compétitifs, la présence à Paris des chefs de projet fonctionnel de Tubbydev a levé les dernières appréhensions liées à l’externalisation de la programmation à l’étranger (off shore programming).“Faire travailler une équipe à distance implique un cahier des charges très précis “, souligne Pierre Méchentel, directeur et fondateur de Tubbydev. Il s’est donc assuré de la cohérence du cahier des charges avant de l’envoyer à Moscou. “C’est un réflexe, insiste Pierre Méchentel, puisque nos chefs de projet valident systématiquement celui-ci lorsqu’il est achevé. Nous traduisons le cahier des charges dans le sens le plus large du terme, non seulement en russe ou en anglais, mais surtout pour qu’il soit compréhensible et sans équivoque pour nos développeurs à l’étranger.” Cette méthodologie toute militaire colle parfaitement au cursus de ce Saint-Cyrien, diplômé de HEC, qui a vécu 7 ans en Russie, mais aussi aux “petites mains” russes qu’il emploie à Moscou. “De tous les pays où l’on pratique l’off shore, la Russie offre le plus haut niveau scientifique. La plupart de nos développeurs, établis à Moscou et à Kiev, sont des ingénieurs issus de la Cité des étoiles, le centre de recherche spatiale de l’ex-Union soviétique. Comme il n’y a plus de crédit pour l’informatique dans le financement des programmes spatiaux actuels, j’ai eu l’idée d’utiliser leurs compétences inexploitées à l’étranger.”
Les développeurs de la Cité des étoiles
En juin 2000, Pierre Méchentel crée Tubbydev, l’interface française qui lui permet, lorsqu’il gère directement des projets internet pour des start-up, de distinguer le conseil de la réalisation. “Une bonne culture des besoins du client s’avère essentielle, reconnaît-il. D’autant que nous travaillons avec des “ouvriers” très qualifiés techniquement, mais dont la culture client reste encore balbutiante. Ainsi, pour tous les aspects marketing ou ergonomiques, il est préférable de “blinder” le projet et de les surveiller sous peine de mauvaises surprises. En revanche, nos ingénieurs russes, parfois trop carrés ou trop cartésiens, sont capables de démonter un algorithme de mise en rapport de différents critères et d’en proposer un beaucoup plus performant… sans que nous leur ayons jamais rien demandé !”
La réduction des coûts n’exclut pas le savoir-faire
“Bien évidemment, la réduction des coûts de production, estimée à 30 % par rapport aux prix proposés ailleurs, a constitué un argument déterminant, explique Pierre-André d’Ornano de Mobilitis. Après l’e-krach, force est de reconnaître que le débat sur la légitimité d’externaliser une partie de son travail à l’étranger, pour des entreprises qui se battent pour survivre, ne se pose pas vraiment.” Quant aux conséquences “exotiques” de l’off shore, Mobilitis avoue, après 6 mois de collaboration étroite avec Tubbydev, ne pas constater de différence notable avec un développement dans l’Hexagone. Dans le cas de Tubbydev, qui affiche clairement l’externalisation de son activité de développement (ce que ne font pas les SSII et autres web agencies qui représentent d’ailleurs 70 % de sa clientèle), on pourrait croire que cette double interface puisse être source de délai et d’incompréhension. “Mais cela est vrai avec n’importe quelle SSII, rétorque Pierre-André d’Ornano, où votre principal interlocuteur reste le chef de projet. Il traduit la demande puis la transmet à l’équipe de développement, avec laquelle vous n’êtes jamais en contact direct. Dans un cas comme dans l’autre, le client n’a pas la visibilité nécessaire pour identifier l’origine d’éventuels problèmes, qui d’ailleurs ne se sont pas posés avec Tubbydev.” En cherchant bien, Pierre-André d’Ornano avoue que la seule contrainte qu’il ait rencontrée concrètement est liée à ce que les Russes ne disposent pas des mêmes jours fériés qu’en France, et vice versa. D’où, parfois, un léger décalage dans les échanges de fichiers.À un hébergement dédié coûteux, la start-up a préféré des hébergements mutualisés, avec des spécificités très particulières lui donnant accès à certaines ressources du système. Elle s’est naturellement tournée vers Tubbydev, dont l’hébergement ne constitue pas la vocation première mais qui, en la circonstance, se révélait le plus à même de répondre à sa problématique.
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