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Mobiles : pourquoi les conversations des autres nous agacent

Une université américaine établit que le fait de n’entendre qu’une partie de conversation est source de nuisance. Un chercheur anglais est arrivé à la même conclusion en 2004.

En 2001, un universitaire anglais menait une série d’expériences destinées à savoir pourquoi les conversations sur mobile des autres nous agacent tant. Conclusion, publiée en 2004 : parce que nous n’entendons que la moitié du dialogue et que notre cerveau, mécaniquement, cherche à reconstituer l’autre partie, monopolisant notre attention. Farfelu ? Pas tant que ça, car une université américaine fait le même constat.

Dans un numéro à paraître de Psychological Science, des chercheurs de l’université de Cornell, dans l’Etat de New York, publient les résultats d’une étude démontrant les problèmes d’attention causés par une moitié de conversation. Dans ce compte rendu (*) de 17 pages que 01net.com s’est procuré, les chercheurs affirment que nous avons moins de facilité à faire abstraction d’une discussion quand nous n’en entendons qu’une partie, que lorsque deux personnes parlent face à face, l’une en présence de l’autre. C’est ce qui expliquerait pourquoi les gens sont facilement agacés par les échanges sur mobiles dans les lieux publics, les transports en communs, la rue ou au bureau.

Les chercheurs se sont basés sur l’étude du comportement de 41 étudiants. Ces derniers ont dû répondre à une série de tests réalisés sur ordinateur et enregistrant leurs réactions à un monologue, à une conversation entre deux personnes, à une conversation entre deux personnes, mais dont une seule est audible et même à du silence. Il en est ressorti que les étudiants avaient plus de mal à supporter les demi-conversations que tout le reste.

Le mobile en voiture

L’idée, explique les chercheurs, c’est qu’en entendant quelqu’un parler au téléphone, on est incapable d’anticiper le déroulement de la conversation, puisqu’on n’entend pas ce que dit l’interlocuteur. Le cerveau est donc en permanence sur le qui-vive et constamment pris de court.

Une conversation où les deux interlocuteurs sont audibles est au contraire bien plus supportable car facilement compréhensible (sur le plan du sens). Du coup, paradoxalement, il est plus facile d’en faire abstraction, car elle demande moins de concentration.

Pour les chercheurs, ces resultats impliquent que les conversations sur mobiles des autres peuvent perturber nos activités quotidiennes, notre travail, notamment celles qui demandent le plus d’attention. A cet égard, l’étude cite se conclut sur l’exemple de la conduite automobile.

Les chercheurs notent que le mobile en voiture n’est pas seulement dangereux lorsque c’est le conducteur qui téléphone. Quand un passager est en conversation téléphonique, il risque d’accaparer l’attention du conducteur dont le cerveau cherche à reconstituer l’ensemble du dialogue. Avec les problèmes de sécurité que cela pose. Mais sur ce point, les universitaires n’ont fait que lancer une piste. Une étude plus ample serait nécessaire.

(*)Intitulé: Overheard cell-phone conversations: when less speech is more distracting

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Arnaud Devillard