Un à cinq euros la minute. C’est en moyenne le prix d’une communication mobile passée depuis l’étranger par un utilisateur français. Chez certains opérateurs européens, la facture peut même monter jusqu’à douze euros la minute. Des
tarifs jugés exhorbitants par les associations de consommateurs qui réclament depuis de longs mois une baisse dans ce secteur. Mardi 4 octobre, c’est la commissaire européenne en charge de la Société de l’information, Viviane Reding, qui s’en
est alarmé. ‘ A une époque où nous avons vu se réaliser tellement de progrès en Europe dans les autres services de communication, on a peine à croire que l’utilisation d’un portable à l’étranger coûte aussi
cher ‘, s’indigne-t-elle.Une réaction assez vive qui contraste avec les mesures envisagées pour remédier à cette situation. En pratique, Bruxelles se contente d’une timide campagne d’information auprès du grand public. La Commission européenne estime que
‘ le rôle du consommateur ‘ est de ‘ négocier de meilleures conditions ‘, en configurant, par exemple, son mobile sur le réseau de l’opérateur le moins
cher du pays visité. Pour l’y aider, elle inaugure
un site dédié au problème de l’itinérance, avec à l’appui des exemples de tarifs et des conseils pratiques.‘ Certains opérateurs proposent maintenant des offres spéciales à leurs clients. J’espère que cela les incitera tous à en faire autant ‘, a ajouté Viviane Reding lors d’une conférence. En
France, SFR, dont Vodafone est actionnaire, vient par exemple de lancer
l’option gratuite ‘ Vodafone Passport. ‘ Les utilisateurs français payent, dans 17 pays
étrangers, le même prix qu’à l’intérieur de l’Hexagone, après avoir acquitté un coût de connexion qui, selon les zones, est facturé 1 euro, 1,20 euro ou 2,20 euros. L’opérateur garantit au final une économie de 40 %.
Les associations veulent de la régulation
Selon Reuters, Viviane Reding envisage ‘ des mesures ‘ qui seront prises d’ici six mois
‘ si l’autorégulation ne marche pas ‘. Une perspective
plutôt nébuleuse, qui provoque l’ire de certaines associations. ‘ Viviane Reding se paie la tête des consommateurs français et européens ‘, s’indigne Julien Dourgnon, directeur du développement et de la
communication de l’UFC-Que Choisir.L’UFC-Que Choisir l’accuse même de favoriser, par son immobilisme, la constellation Vodafone, ainsi que les deux alliances d’opérateurs établies l’an dernier : Starmap, qui regroupe des opérateurs européens modestes autour du
britannique O2, et
Freemove, réunissant Orange, T-Mobile, Telefonica et TIM. L’UFC-Que Choisir envisage d’ailleurs de saisir prochainement la Direction générale de la concurrence à Bruxelles à
propos de ces deux organisations.Plus mesurée, l’Association française des utilisateurs de télécommunications (Afutt) se dit satisfaite des ‘ avancées ‘, telles que le site de la Commission ou le nouveau catalogue de SFR.
Mais, par la voix de son délégué général Bernard Dupré, elle estime pareillement que ‘ la Commission ne joue pas son rôle alors qu’elle avait l’opportunité de le faire, si l’on considère que l’itinérance s’inscrit dans l’idée
de la circulation des personnes de l’Union ‘. L’Afutt et l’UFC-Que Choisir demandent donc une régulation appuyée de ce marché. Ce que le Groupe des régulateurs européens (GRE), auquel participe l’Arcep en France,
a commencé de faire en établissant récemment une méthodologie commune pour l’étude et la surveillance des divers marchés nationaux. En effet, les appels
itinérants figurent dans 18 ‘ marchés pertinents ‘ du fameux paquet télécoms, que chaque régulateur national doit analyser en vue de le réguler ou non. Le GRE avait, en mai dernier, évoqué au passage des
‘ tarifs de détail actuellement très élevés sans que cela soit clairement justifié ‘. Mais là encore, l’UFC-Que Choisir craint que la Commission ne freine les ardeurs de certains régulateurs désireux de faire bouger le dossier de l’itinérance, au rang desquels l’Arcep. ‘ Il y a de fortes
chances que les choix du régulateur français soient retoqués par la Commission, comme ce fut déjà le cas récemment sur le dossier des opérateurs virtuels ‘, estime Julien Dourgnon.
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