Publié précédemment le 22/06/2000MP3 est-il déjà condamné ? On parle en effet de plus en plus de Vorbis, qui est à la fois un système de codage/encodage numérique et un nouveau format de fichier musical. Il offre une qualité musicale stéréophonique équivalente à celle du MP3 : la plage de fréquence d’échantillonnage du fichier est comprise entre 44,1 et 48 Khz, il accepte jusqu’à 255 canaux audio par fichier pour une vitesse de débit allant de 16 à 128 Kbit/s par canal. Des qualités certes appréciables, mais son véritable atout réside ailleurs : il n’est pas breveté et il est distribué sous la licence GPL (General Public Licence). Il est donc gratuit.Sans le savoir, les internautes paient indirectement des royalties pour écouter des fichiers MP3. En effet, le MP3 est une invention brevetée par l’institut de recherche appliquée allemand Fraunhofer. Le format MP3 a été codéveloppé par cet institut et le constructeur Thomson Multimédia. Qui dit brevet dit royalties, que Thomson perçoit auprès des fabricants de logiciels et de matériels utilisant le format MP3. Les sites Internet vendant du MP3 en ligne paient eux aussi des royalties à Thomson. Celles-ci sont d’ailleurs loin d’être négligeables. Jugez plutôt : tous les vendeurs de fichiers MP3 ou de produits exploitant ce format de fichier doivent verser à Thomson un montant annuel minimum de 15 000 dollars.
Lutter contre la ” redevance Thomson “
Les sites de vente en ligne de fichiers musicaux doivent reverser à Thomson 1 % du prix facturé à l’internaute par fichier. Les éditeurs de logiciels d’encodage MP3 doivent, eux, payer 5 dollars à la firme pour chaque programme vendu. Face au succès rencontré parce format auprès des internautes, les vendeurs de produits MP3 sont obligés de se plier à cette redevance et d’en répercuter le prix sur les ventes.La communauté du logiciel libre s’est rapidement rebellée contre le “racket” imposé par Thomson. Il existe, par exemple, un encodeur MP3 totalement gratuit échappant, grâce à un flou juridique, à l’emprise de Thomson. Baptisé LAME, cet encodeur est distribué gratuitement sur Internet sous forme de code source. N’étant pas compilé, il n’est pas considéré comme étant un logiciel et ne tombe pas sous la coupe de la loi sur les brevets. Seul inconvénient : l’utilisateur est obligé de le compiler lui-même sur son ordinateur personnel.
Les éditeurs séduits par Vorbis
Avec Vorbis, les développeurs ont trouvé le moyen définitif d’échapper aux royalties. Cette fois-ci, c’est le format de fichier qui est libre. N’importe qui peut donc l’exploiter gratuitement. Les principaux sites de vente de MP3 en ligne et éditeurs logiciels ne s’y sont pas trompés. Lors du dernier sommet sur le MP3, organisé les 20 et 21 juin à San Diego, Vorbis a reçu entre autres soutiens celui de Emusic et de Napster.Les auteurs de la technologie Vorbis sont les membres d’une association de développeurs de logiciels libres baptisée Xiphophorus. Leur leitmotiv est de ” protéger les fondations multimédias de l’Internet de la domination des intérêts privés “. Un projet pas tout à fait désintéressé quand même, puisque ces développeurs travaillent pour le portail musical iCast, filiale du fonds d’investissement CMGI. Xiphophorus ne compte pas s’arrêter en si bon chemin : Vorbis fait partie d’un projet multimédia, dénommé OggSquish, beaucoup plus ambitieux. OggSquish sera un ensemble de formats de codage et de protocoles multimédias entièrement libres. L’ensemble est chapeauté par Jack Moffit, le concepteur du logiciel libre de streaming MP3, Icecast, et vice-président de iCast à 22 ans !Les développeurs de Xiphophorus ont créé plusieurs modules d’extension permettant aux lecteurs audio XMMS, WinAmp, Sonique, CL-AMP et Freeamp d’utiliser Vorbis. Histoire d’accélérer la diffusion de leur technologie, les programmeurs de Vorbis ont porté leur technologie d’encodage/décodage sur les principaux systèmes d’exploitation : Windows 95/98/NT, BeOS, Linux, Solaris et BSD.De son côté, Thomson prévoitx de faire payer, l’année prochaine, la diffusion du stream MP3 aux éditeurs de contenus. Une astuce vouée à l’échec car, selon les développeurs de Xiphophorus, Vorbis est également capable de faire du stream, pour une radio Internet par exemple.Vorbis n’est pour l’instant quune version bêta mais la version 1.0 est prévue pour le mois prochain.
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