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(Mise à jour) Shark Micro comparaît pour escroquerie et publicité mensongère

Hier après-midi, la société de vente de matériel informatique Shark a dû répondre devant le tribunal de grande instance de Paris de ses pratiques commerciales douteuses.

Publication initiale le 02/03/2001 Après quatre années d’instruction, le tribunal de grande instance de Paris a reçu en première audience les plaintes de plusieurs centaines de consommateurs floués par Shark Micro. L’association UFC-Que Choisir s’est également portée partie civile dans cette affaire.Avec un réseau de dix magasins répartis dans toute la France, la société Shark Micro a encaissé entre fin 1996 et début 1997 plus de 5 millions de francs de commande de matériels informatiques, lesquels n’ont jamais été livrés.En effet, c’était une pratique courante pour cette société d’exiger le règlement à la commande. Un plaignant, raconte : ” En janvier 1997, le vendeur du magasin a demandé à ce que je lui paie comptant les 7 780 francs si je voulais avoir mon ordinateur. Devant mes réticences, il m’a dit : “C’est tout ou rien.” ” Certains clients, plus tenaces, ont réussi à négocier le versement de seulement la moitié du prix.Mais l’issue est la même pour tous. “Plus de trois semaines après ma commande, je ne voyais rien venir. J’ai téléphoné à plusieurs reprises, personne ne répondait. Alors je me suis rendu au magasin et là, j’ai trouvé porte close. Sur la vitrine, il était écrit “inventaire” et le courrier s’amoncelait sous la porte “, déclare une autre victime.Et pour cause, la société est en redressement judiciaire et dépose le bilan à la fin du mois de janvier 1997.

Comparution pour escroquerie… et publicité mensongère

En plus de l’escroquerie, la société Shark comparaît au titre de publicité mensongère. Si la société est passée, en moins de deux ans, d’une petite boutique de jeux vidéo à une chaîne de magasins d’assemblage, le matraquage publicitaire semble y être pour beaucoup.Affichage 4 x 3 dans les rues de la capitale, encarts de plusieurs dizaines de pages dans la presse spécialisée, Stéphane Morin, le jeune PDG de Shark Micro, n’a pas lésiné sur le budget de communication.Mettant en scène des ordinateurs dernier cri à des prix exceptionnels, ces publicités n’étaient qu’un miroir aux alouettes. Une jeune femme témoigne de ses déboires : “J
‘ai reçu un ordinateur qui ne marchait pas. Quand j’ai appelé la hot line pour le signaler, on m’a répondu que j’avais de la chance d’avoir au moins un ordinateur, alors que certains n’avaient rien reçu du tout ! “Le cortège des promesses publicitaires non tenues ne s’arrête pas là. Dépannage sur site, remboursement sous sept jours en cas de non-satisfaction, livraison gratuite dans les dix jours… autant de services dont les clients n’ont jamais pu bénéficier.

Les victimes ont peu d’espoir de revoir un jour leur argent

Le PDG de Shark Micro tente de s’expliquer : ” C‘est vrai, les délais de livraison ont été un peu plus longs que prévus. Mais certaines configurations demandées par les clients n’étaient pas compatibles, ou alors n’étaient pas en stock chez les fournisseurs. Je ne suis pas responsable de cela. ” Un argument qui ne semble pas satisfaire le juge, ni la vingtaine de plaignants qui se sont déplacés pour l’audience.Malgré le préjudice subi, la majorité des consommateurs lésés ne demandent pas des dommages et intérêts, se contentant de demander le remboursement des sommes abusivement encaissées.Ainsi, Jean-Luc Paluczak, président de l’association Remora, avait demandé lors du dépôt de sa plainte 25 000 francs de dommages et intérêts. Depuis, il est revenu à des prétentions plus modestes, et souhaiterait obtenir seulement le remboursement des 3 500 francs d’acompte. Il explique au juge que les quatre années écoulées lui ont permis d’adoucir sa ranc?”ur.Malgré tout, les victimes ont peu d’espoir de revoir un jour leur argent. Le PDG de Shark Micro doit déjà faire face aux dettes sociales de sa société.Une seconde audience a lieu aujourdhui au tribunal de grande instance de Paris, où les avocats des deux parties pourront plaider.

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Coralie Cathelinais