Première parution le 23/04/2001
Fort du soutien d’une communauté de développeurs motivés, le journal en ligne 2600.com a choisi d’aller en appel dans l’affaire qui l’oppose aux studios de cinéma hollywoodiens. L’argumentaire qu’il présentera au juge le 1er mai prochain à New York est directement issu du premier amendement de la constitution américaine, qui garantit la liberté d’expression. Dans cette perspective, la publication du code DeCSS serait légale.Un argument qui n’avait guère convaincu lors du premier jugement, intervenu en août 2000. Le tribunal avait interdit au site Web du journal 2600.com de publier le moindre bout de code DeCSS ou de publier des liens hypertextes vers des sites le proposant. Et ce n’était pas le premier site qui se trouvait en procès pour ce genre de pratique.A cette époque, les grands studios cinématographiques poursuivaient, ou tout du moins menaçaient de le faire, les personnes ou les sites diffusant ce code. En effet, DeCSS, qui signifie décrypteur de CSS (Content Scramble System), est le système utilisé pour protéger de la copie les DVD. Au moins deux procès intentés à ce moment-là se poursuivent encore à ce jour.
La méthode des studios se retourne contre eux
L’attitude des studios a vite énervé de nombreux programmeurs. “Puisque le juge a interdit la publication du code DeCSS sur une page, nous avons décidé de le prendre au mot et d’inventer toutes sortes de moyens de le diffuser quand même “, raconte Samuel Hocevar, étudiant de second année à l’Ecole centrale de Paris.L’une des premières réalisations est une chanson tout simplement baptisée DeCSS.mp3. Diffusée à l’origine sur le site MP3.com, elle en a été bannie à la suite d’une intervention de la MPAA (Motion Picture Association of America), l’association représentant les studios. On peut désormais la trouver sur Napster. D’autres se sont encore amusés à transformer le code en symphonie, en poèmes, en fonctions mathématiques, en dessins ou l’ont imprimé sur des tee-shirts.Samuel Hocevar s’est également pris au jeu, presque par hasard (voir interview ci-dessous). Et en quelques semaines, il réalise un film de six minutes à la façon du générique de Star Wars, mais qui n’est en fait ni plus ni moins qu’un programme DeCSS qui défile.Un site, animé par David S. Touretzky professeur d’informatique à la prestigieuse université de Carnegie Hall, recense la plupart de ces créations.“Bien sûr, il a été contacté aussi par les représentants des studios, relate Samuel Hocevar. Mais son principal argument est qu’il s’agit-là de représentations artistiques, et non des programmes exécutables directement.”
Et apparemment, pour l’instant, ça marche, puisque le professeur n’a pas été embêté.
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