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(Mise à jour) Piratage de l’AG de Vivendi : bug ou brouillage ?

La direction de Vivendi Universal annule l’assemblée générale des actionnaires du groupe, du 24 avril dernier, en invoquant un piratage du système de vote électronique.

(Publication initiale du 30/04/2002) L’assemblée générale de Vivendi Universal, qui s’est tenue le 24 avril dernier à Paris, a-t-elle été l’objet d’un piratage de son système de vote électronique, ou victime d’un dysfonctionnement technique ? La direction du groupe penche pour la première option et a décidé de porter plainte contre X au pénal. Une nouvelle assemblée générale sera convoquée début juin.Selon la société, le dépouillement des votes du 24 avril dernier “a mis en évidence un certain nombre d’anomalies graves”. Vérification faite auprès des actionnaires (St Gobain, Société Générale, Crédit Agricole, BNP Paribas…), les votes émanant des boîtiers des actionnaires présents et ayant le plus grand nombre de voix ont été comptabilisés systématiquement en abstentions.En lieu et place du dépouillement manuel, les sociétés ont, depuis quelques années, adopté pour leurs assemblées générales de nouveaux systèmes de vote. Dans le cas de Vivendi Universal, le système repose sur l’utilisation de signal radio HF. D’ordinaire, chaque actionnaire détient un boîtier auquel correspond un nombre de millième de voix données.Techniquement, un récepteur se trouve à la sortie de l’ordinateur chargé de collecter les votes. Pour chaque opération de vote, ce récepteur interroge les boîtiers en leur envoyant un signal radio HF. Les réponses obtenues sont ensuite retournées vers l’ordinateur, ré-interprétées et traduites sous forme de fichiers informatiques.

Plusieurs hypothèses s’avèrent possibles

Dans un communiqué publié le 28 avril, Vivendi Universal estime que cette “manipulation frauduleuse des votes” aurait pu être le fait d’une “équipe légère” dotée d’émetteur-récepteur (qui aurait brouillé les signaux de transmission) et connaissant bien le détail des procédures et protocoles techniques du vote électronique. Le 26 avril, Vivendi Universal avait fait procéder sous contrôle d’huissiers à une vérification de l’ensemble du matériel utilisé. Un contrôle qui s’est pourtant révélé satisfaisant.L’hypothèse d’une fraude divise les fournisseurs de cette technologie. Interrogé par notre confrère Le Figaro, Alexandre Coste, expert en sécurité informatique met en cause la fiabilité de “boîtiers de transmission par ondes radio ou infrarouge” qui ne présenteraient selon lui “aucune sécurité spécifique”.A contrario, sans écarter d’emblée l’hypothèse d’un piratage, la responsable de l’une des sociétés présentes sur ce marché insiste sur la lourdeur d’une telle manipulation. Selon elle, un simple brouillage des signaux semble insuffisant. Et pour un piratage en bonne et due forme, il faut que le système de boîtiers soit doublé (y compris au niveau des numéros et des protocoles). Les ” pirates ” connaissant à l’avance le nombre de millièmes de voix correspondant à chaque boîtier.Par ailleurs, pour que l’opération réussisse, les ” pirates ” doivent au moment de chaque opération, voter plus vite que les boîtiers officiels… Si après enquête, les boîtiers étaient mis hors de cause, la suspicion pourrait alors se porter sur les ordinateurs chargés de collecter les votes, et sur une manipulation des bases de données. Comme dans l’hypothèse précédente : la présence d’une ” équipe légère ” pourrait être là aussi sujette à caution, car les éventuelles manipulations ne laissent rien au hasard.Pour faire toute la lumière sur cet épisode, Colette Neuville, la présidente de l’Association des actionnaires minoritaires (Adam), a demandé au tribunal de commerce de Paris que soient contrôlées les opérations effectuées sur le disque dur qui a servi a enregistrer les votes de l’assemblée générale du 24 avril.

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Philippe Crouzillacq