Les nuages s’accumulent sur Microsoft. Menacé de scission aux Etats-Unis pour cause de pratique anticoncurrentielles, sous le coup d’une procédure de la Commission européenne, le géant des logiciels fait face à une nouvelle cabale. Et tout aussi gênante celle-là, puisqu’elle concerne directement ses clients, professionnels du moins.Selon le Gartner Group, en effet, les commerciaux de Bill Gates font actuellement preuve d’un prosélytisme commercial assez nouveau pour obliger les entreprises à payer une licence supplémentaire de mise à jour de leurs postes de travail sous Windows. Ce qui, dans certains cas, revient à faire payer le système d’exploitation deux fois, résume le cabinet d’études américain, malgré les démentis de l’éditeur (voir encadré). Explications.Quand une entreprise achète, généralement par l’intermédiaire d’un revendeur, des PC, le constructeur qu’elle a choisi (Dell, Compaq ou IBM, par exemple), les lui livre avec, pour tous, la version de Windows souhaitée (9x, NT ou 2000). Et ce, dans le cadre d’un contrat de licence dit “OEM End-User Licence Agreement” qui ne fait que lier le client au constructeur. Mais, très souvent, l’entreprise demande au revendeur de répliquer sur chaque poste un ” master “, c’est-à-dire d’installer un ensemble système d’exploitation + applications spécialement étudié pour les besoins de ses utilisateurs (opération dite de “reimaging” en anglais, dans le cadre d’un contrat de mise à jour Microsoft Select).Et c’est là que le bât blesse, selon le Gartner : si les versions OEM et ” master ” de Windows sont identiques, l’entreprise ne peut procéder au remplacement de la première par la seconde sans s’acquitter d’une licence dite “upgrade” supplémentaire. Au nombre de quatre, celles-ci dépassent les 100 dollars par poste, assistance de l’éditeur non comprise (compter 375 dollars en plus). Conséquence : l’entreprise, qui s’est déjà acquittée de sa licence Windows OEM, doit encore payer pour avoir le droit d’utiliser… le même logiciel ! Un cas théorique imaginé par le Gartner aboutit à une rallonge située entre 585 000 et 758 000 dollars pour 5 000 PC.” Lorsque sur des postes sous Windows 2000, nous répliquons un master Windows 2000 + Office par exemple, nous nous assurons auprès du client qu’il dispose bien de la licence Office. Mais pas de celle de Windows 2000, puisqu’il l’a déjà réglée dans le cas du contrat OEM “, explique un revendeur toulousain. De plus, ajoute-t-il, le ” master ” écrase le numéro de série OEM. Ce qui, en cas de contrôle, risque de laisser le client tout nu.En réaction, Microsoft France a tenu à affirmer que les entreprises n’avaient jamais été autorisées à s’appuyer sur un contrat Select pour bâtir des ” masters ” (voir encadré). “Faux”, a répliqué Neil MacDonald, du Gartner, cité par notre confrère américain news.com, et qui, après avoir vérifié dans ses archives, affirme que, au contraire, Microsoft a toujours toléré une telle pratique. Avant de s’interroger : “S’il n’y avait rien de nouveau, pourquoi aurions-nous reçu des témoignages ?”Autrefois toléré, le “reimaging” sans coût supplémentaire a donc vécu, si l’on en croit le Gartner. Pire pour l’image de Microsoft, le cabinet d’études affirme détenir des preuves selon lesquelles l’éditeur ne renoncerait à sa nouvelle politique commerciale que pour les parcs de plus de 10 000 unités. Favoritisme ?
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