Première publication le 29 juillet 2003Coup dur pour le vote électronique. Un groupe de professeurs et d’étudiants des universités John Hopkins et Rice aux Etats-Unis déclarent avoir mis à jour des failles de sécurité majeures dans les systèmes de vote électroniques utilisés
aux Etats-Unis. Des terminaux, fabriqués par la société Diebold Election Systems, sont mis en cause.En janvier dernier, ces universitaires ont récupéré sur le web le logiciel interne de ces machines à voter. Ce programme avait été laissé par erreur sur le réseau. Pendant plusieurs mois, ils en ont analysé le
code source. Les conclusions de leur
rapport publié mercredi 23 juillet sont alarmantes.
Les cartes à puce servant à voter seraient falsifiables
Selon eux, les cartes à puce utilisées comme identifiant au moment du vote seraient falsifiables. Dans le secret de l’isoloir, un électeur malintentionné, muni d’une pile de fausses cartes, pourrait ainsi voter plusieurs fois. De plus,
les registres des votes électroniques exprimés, ne seraient pas conservés dans de bonnes conditions. Avi Rubin, professeur associé à la John Hopkins University remet par ailleurs en cause le choix du système d’exploitation fait par Diebold Election
Systems pour faire fonctionner ses solutions de vote électronique.‘ Windows et les patchs de sécurité, c’est une longue histoire. C’est pratiquement : à chaque semaine son nouveau patch. Partant de là, on ne peut décemment pas faire fonctionner des terminaux de votes
électroniques sous Windows, ‘ explique l’universitaire cité par le site News.com.Pour sa défense, Diebold affirme que le code étudié par les chercheurs est aujourd’hui dépassé, et qu’il n’a jamais été testé lors d’une élection officielle. Les auteurs du rapport ne partagent pas cet avis. Pour eux, en effet, les
commentaires et les mentions de copyright inclus dans le code montrent au contraire que le programme était prêt pour un test grandeur nature.
Le marché se compte en centaines de millions de dollars
En 2002, Diebold Election Systems avait équipé l’Etat de Georgie et ses 159 comtés de 22 000 terminaux de votes électroniques à écrans tactiles. Une polémique était née à l’issue du scrutin, car à quelques jours des élections un
patch avait dû être installé sur nombre de machines défectueuses.L’enjeu est d’importance car, après le naufrage électoral du scrutin présidentiel de l’an 2000, les Etats-Unis cherchent un palliatif aux vieilles machines à voter et à leur poinçonneuses du siècle dernier. Le marché se compte en
centaines de millions de dollars.L’an passé, selon l’organisation DRE (Direct Recording Electronic), le vote électronique concernait 19,6 % du corps électoral. Lundi 21 juillet, Diebold signait un contrat de 55,6 millions de dollars pour équiper l’Etat du
Maryland.Les attentes sont aujourd’hui énormes et contradictoires autour des nouvelles formes d’expression du suffrage (vote électronique et vote en ligne). Des pratiques trop répendues en politique pourraient en être changées. En effet, un
système exempt de toute possibilité de manipulation permettrait d’envisager que les victoires électorales ne soient pas construites sur la manipulation du vote et des fichiers électoraux.
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