Première publication le 2 avril 2001L’industrie du disque fourbit ses armes antipirates. Les grandes maisons d’édition, BMG, EMI, Sony Music, Vivendi Universal Music et Warner Music expérimenteraient discrètement de nouvelles technologies destinées à limiter la copie de leurs CD-audio à partir des ordinateurs.Ces procédés, très pénalisants pour les consommateurs, interdiraient la reproduction des disques à partir des graveurs de CD-R, ce que la loi tolère pourtant dans le cadre de la copie privée. Avec les dispositifs de protection les plus contraignants, il serait même impossible d’écouter un CD-audio à partir du banal lecteur de CD-ROM qui équipe les ordinateurs.Au passage, la conversion des morceaux de musique au format MP3 serait plus contraignante et nécessiterait une conversion analogique, susceptible de dégrader la qualité. Pour l’industrie du disque, c’est donc un moyen supplémentaire de lutter contre les sites de diffusion illégale de fichiers audio MP3, comme Napster.
Des disques protégés aux Etats-Unis et en Europe de l’Est
Evidemment, les grands labels se montrent peu loquaces sur le déploiement commercial de ces technologies antipiratages, susceptibles de déplaire à de nombreux consommateurs. Mais certains éditeurs ont aujourd’hui dépassé le stade de l’expérimentation. Selon le site Inside.com, Music City Record, une petite maison d’édition basée à Nashville, aux Etats-Unis, s’apprêterait à commercialiser des CD dotés d’un système de protection.Dès la fin de l’année dernière, Sony Music/Bonton auraient mis sur le marché en Slovaquie et en République tchèque près de 10 000 CD protégés. Les représentants de la société se déclarent très satisfaits de cette expérience.
” Nous n’avons reçu aucune réclamation de la part de nos clients “, affirme l’un des directeurs de Sony Music/Bonton.Pourtant, cela n’a pas toujours été le cas. Au mois de janvier de l’année dernière, BMG aurait été contraint de retirer du marché allemand deux titres disposant d’un système de protection empêchant la lecture des CD sur des lecteurs de CD-ROM. La raison : les disques étaient illisibles sur certaines platines CD de salon. Midbar Tech, la société israélienne à l’origine de la technologie antipiratage Cactus Data Shield, utilisée par BMG, estime pourtant que cette première expérience a été un succès d’un point de vue technique. Sa représentante, Pamela Becker, déclare que ” le taux de compatibilité avec les platines CD atteignait 97 %. En revanche, rien n’indiquait aux consommateurs que ces disques étaient illisibles sur un ordinateur. Cela a provoqué une réaction négative de leur part. Nous avons tenu compte de cela lors de la campagne menée avec Sony Music/Bonton en Europe de l’Est “. Les problèmes de compatibilité auraient été résolus et un autocollant apposé sur le disque alertait les clients de l’impossibilité de lire le produit avec les lecteurs présents dans les ordinateurs. Selon Pamela Becker, il n’y a plus aucune raison pour que les éditeurs ne protègent pas leurs disques : “I
ls attendaient simplement le bon moment et la bonne technologie.”Même son de cloche chez TTR Technologies, qui affirme que l’une des grandes maisons d’édition vient d’achever une campagne de tests exploitant son dispositif anticopie SafeAudio. Plus rien ne s’oppose donc au développement de ces technologies. Le passé nous a cependant appris que les systèmes de protection ne résistent jamais très longtemps aux pirates les plus persévérants.
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