Une fois la colère passée, Yahoo! semble se ranger aux arguments de la justice française. Un porte-parole du site américain affirme en effet que, conformément au jugement du tribunal de grande instance, la société proposera le 24 juillet une solution technique permettant d’empêcher les internautes français d’accéder aux enchères d’objets nazis sur son site. Parallèlement, la Licra (Ligue contre le racisme et l’antisémitisme) et l’UEJF (Union des étudiants juifs de France) viennent de déposer un référé demandant l’exécution de l’ordonnance du tribunal, dont Yahoo! ne voulait pas initialement entendre parler.Peu après sa condamnation, Yahoo! affirmait en effet haut et fort refuser une telle injonction, autant pour des raisons techniques qu’idéologiques. ” Concrètement, expliquait à 01net. Philippe Guillanton, patron de Yahoo! pour la France, une telle décision, si elle était rendue depuis un autre pays, impliquerait que tout site de contenu doive se soumettre à des dizaines de législations nationales différentes. ‘ De passage à Paris, Jerry Yang, l’un des fondateurs de Yahoo!, qualifiait même dans une interview à Libération, de “naïve ” la demande du tribunal français de filtrer l’accès à Yahoo.com.Aujourd’hui, le géant américain se montre donc plus conciliant, et l’heure des déclarations tonitruantes semble passée. Sans cela, ” la société pourrait être condamnée à payer une lourde amende, jusqu’à 100 000 euros par jour “, assure de son côté Marc Knobel, membre du comité directeur de la Licra, association à l’origine de la plainte, avec l’UEJF. ” La réponse de M.Yang, estimant qu’il n’a pas à se soumettre à la loi française, est totalement arrogante et immature. Yahoo! dispose d’argent et d’effectifs pour trouver une solution “, assure-t-il.
L’adresse IP, clé de l’identification
Selon nos informations, une start-up new-yorkaise, fondée par des informaticiens français, est entrée en contact avec un membre de la Licra, assurant garantir une traçabilité à 100% du pays d’origine des internautes.A la base de la solution d’Infosplit : l’adresse IP. Chaque fois qu’un internaute se connecte, son fournisseur d’accès à Internet attribue à son ordinateur une adresse sur le Web, appelée adresse IP. Pour cela, le FAI puise dans le stock d’adresses à disposition. Le travail d’une société comme Infosplit consiste donc à constituer une base de données d’adresses IP, et, dynamiquement, à retrouver le fournisseur d’accès qui la détient.Grâce à ses algorithmes, la société peut aussi lancer une requête qui va remonter jusqu’au routeur initial, lui permettant ainsi de déterminer le numéro de téléphone appelé pour se connecter au Web. Pour échapper à cette identification, un internaute français passant par un FAI britannique devra alors téléphoner directement en Angleterre. Infosplit prétend ainsi pouvoir déterminer avec une précision de 80 % la ville de l’internaute.” 100%, je n’y crois pas, il faudrait remettre trop régulièrement à jour la base de données d’adresses IP “, considère Sébastien Gioria, directeur technique du prestataire Internet Fluxus, qui juge néanmoins possible d’approcher de près un tel résultat. De plus, pour une identification plus précise, les FAI peuvent enregistrer jusqu’au numéro de téléphone de l’appelant. Mais pour cela, une demande policière est nécessaire, ce qui est inimaginable pour un service comme les enchères, accessible instantanément.Du côté de la Licra, on précise toutefois que l’association n’a pas vocation à proposer des solutions techniques à une société de la taille de Yahoo! Reste qu’avec Infosplit, Yahoo! dispose a priori d’outils lui permettant de répondre aux desiderata de la justice française. Une solution à peu près fiable d’identification des internautes français devrait donc être présentée le 24 juillet au tribunal.
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