On a tous essayé – en tout cas les moins sains d’esprit d’entre nous – d’attraper un Pokémon en réalité augmentée dans Pokémon Go. On tirait la langue, pour s’appliquer et catapulter la Pokéball au bon endroit. Mais rapidement, on s’est rendu compte que la réalité augmentée n’était qu’un petit plus, un gadget.
Sans réalité augmentée, pas de jeu
Dans Minecraft Earth, « l’AR n’est pas une option », le jeu et la réalité fusionnent devant nos yeux, nous expliquait Brad Shuber, directeur artistique du jeu dans une salle du Microsoft Theatre de Los Angeles, aménagée spécialement pour l’occasion.
En cela, Minecraft Earth fait plus que Pokémon GO, ce qui est vrai pour bien d’autres points également. Là où le gameplay du titre de Niantic Labs est rachitique, celui de Minecraft Earth est identique à celui du titre classique. Il vous faudra creuser, miner, récolter pour ensuite élaborer, développer, fabriquer et construire. Tout cela évidemment dans un monde parallèle, celui de votre quotidien revisité, un peu à la manière de Pokémon Go… mais en mieux.
Une carte à explorer et des aventures
Mojang a fait en sorte que la carte de notre monde (réalisée avec Open Street Maps) soit recouverte de voxels, mais, pour l’instant, les autres joueurs – même vos amis – n’y apparaîtront pas. Ensuite, en regardant au travers de son smartphone ou de sa tablette, comme au travers d’une sorte de lunette magique, on y verra des éléments « virtuels ».
Au fil des promenades, on pourra découvrir des ressources, des points de réalité augmentée, qui prennent la forme d’un sol couverts de cubes, d’une maison, d’une prairie pixellisée ou d’un coffre au trésor. Le joueur tapera alors sur l’écran pour récupérer de la terre, des pierres, bref, de quoi enrichir son inventaire et créer ce qu’il entend.
Pour éviter les invasions indésirées ou dangereuses qu’on a connues avec Pokémon Go, Microsoft va établir des zones inaccessibles et s’assurer que les espaces de jeu soient situés dans des espaces publics sûrs. Autant éviter de se faire percuter par un 35 tonnes alors qu’on récolte enfin une redstone.
Au-delà de Pokémon Go
Le monde de Minecraft Earth est aussi parsemé d’Aventures, des sortes d’instances où un joueur – ou plusieurs – devra effectuer une petite mission. Il s’agira par exemple de couper un arbre ou de défendre une tour médiévale contre des Critters.
Nous nous sommes ainsi retrouvés à devoir défendre une bâtisse mi-arbre mi-maison contre des squelettes acharnés, puis contre des critters agacés. A coup de flèche ou d’épée, il nous a fallu défendre chèrement notre peau.
Armé d’un iPhone ou d’un iPad, nous avons tourné autour de cette petite tour, y sommes entrés, changé d’équipement grâce à l’inventaire qui s’affichait en bas de l’écran, l’avons tapoté pour tirer nos flèches – qu’il faudra produire et donc utiliser avec parcimonie – ou pour pourfendre un adversaire trop proche.
Une fois victorieux – gloire, gloire ! –, nous avons récolté les matières premières abandonnées, en nous déplaçant dans le monde réel augmenté pour être à portée de notre butin.
Bien qu’elle n’ait duré que quelques minutes, l’expérience était non seulement drôle mais incroyablement immersive – malgré quelques petits ratés d’affichage.
Quand on demande aux créateurs du titre combien de joueurs pourraient collaborer à une telle mission, il nous est répondu que jusqu’à 60 personnes environ pourraient s’allier. Mais la technique n’est ici pas la vraie limite. « Est-ce judicieux d’être si nombreux pour réaliser cette mission ? Est-ce que cela ne risque pas de nuire à l’expérience, de compliquer la tâche, de multiplier les risques de se rentrer dedans ? », nous demandait Brad Shuber, pour nous faire comprendre que rien n’est laissé au hasard et que Minecraft Earth est pensé avant tout comme une expérience de réalité augmentée sociale de qualité.
Les dernières innovations en matière d’AR
Ces lieux virtuels ancrés dans la réalité, visibles au travers de votre téléphone et que vous pourrez visiter avec d’autres joueurs pourront également être créés par vos soins. Rien à voir donc avec un PokéGym ou un PokéStop. En fait, il est difficile d’exprimer à quel point les deux expériences de réalité augmentée, celle de Minecraft Earth et celle de Pokémon Go, n’ont rien à voir l’une avec l’autre.
Peut-être suffit-il de dire, au-delà des exemples cités plus haut, que le titre de Microsoft tire parti des dernières nouveautés technologiques introduites par l’ARKit d’Apple, (et l’ARCore de Google). Les deux environnements n’offrent pas les mêmes fonctions pour l’instant, mais les jeux seront néanmoins identiques sur iOS et Android, nous a-t-on assuré.
Sur iPhone et iPad, vous pourrez par exemple profiter de la nouvelle fonction d’occultation. Ainsi, un de vos partenaires de jeu disparaîtra de votre vue s’il passe derrière un mur, un cochon replet ou une avalanche de poules – si bien sûr vous regardez au travers de votre smartphone !
De même, si le feu prend dans la maison virtuelle où vous vous trouvez, vous risquez de prendre feu vous aussi… virtuellement évidemment, car l’application est capable de vous localiser précisément dans l’espace et de vous recouvrir de flammes pixelisées.
Quelques limites inévitables… et le meilleur de Minecraft
Quand on énumère des idées ou des envies, les représentants de Mojang hochent la tête avec enthousiasme. Parce qu’elles sont déjà prévues, ou qu’elles les séduisent. On a vraiment l’impression de toucher du doigt à l’infini du possible offert par ce jeu. Toutefois, il faut garder en tête que Minecraft Earth souffrira d’une limitation incontournable. La réalité augmentée peut ajouter à la réalité, d’où son nom. En revanche, elle ne peut pas ôter ou soustraire. Impossible donc, même si un arbre virtuel le cache, de passer outre un mur. Plus gênant, impossible de creuser réellement les tréfonds de la terre pour explorer les cavernes si riches en matières premières. Les ingénieurs de Microsoft devront trouver une solution de gameplay pour compenser tout cela.
Ils en proposent d’ailleurs déjà une. Il est possible de projeter un environnement Minecraft sur une table, par exemple, quand on est à la maison ou au bureau. On a alors à faire à une sorte de maquette virtuelle. A noter qu’il est également possible à tout moment de la translater dans un espace plus vaste pour la partager en grand avec des amis.
La phase de construction commence par une plaque – comme toute bonne partie de Lego qui se respecte – sur laquelle on peut ensuit ériger une pyramide, une maison, un château ou ce que bon nous semble. Bien entendu, il vous faudra posséder les ressources nécessaires, comme dans n’importe quel Minecraft.
Pour les obtenir, il vous faudra soit arpenter le monde, soit avoir des amis bien disposés à abandonner quelques blocs devant votre porte – c’est pour l’instant la seule solution pour échanger des ressources.
D’ici quelque temps, peut-être sera-t-il possible de dépenser des euros sonnants et trébuchants pour quelques matériaux rares. On nous a en effet indiqué que le jeu serait free to play, gratuit mais avec des achats intégrés. Mais on a nous assuré que le jeu resterait équilibré même si un joueur ne débourse pas d’argent. Pas de pay to win en vue, tant mieux.
Mais si les matériaux sont rares, qu’en est-il alors des voleurs de blocs ? A priori, les constructions pourront être modifiées par d’autres joueurs mais pas détruites – elles sont sauvegardées dans le Cloud de Microsoft. Que deviendront les blocs prélevés ? La question reste en suspens.
Les premiers éléments de réponse devraient arriver avec la première bêta publique qui commencera cet été. Les plus motivés peuvent déjà s’inscrire sur le site de l’éditeur. Une certitude toutefois, ce Minecraft Earth a le potentiel de faire sortir le vénérable jeu de nos chambres et salons et de le porter au dehors. C’est une grande nouvelle, et notre brève rencontre nous a plutôt séduit. On est impatient d’essayer la version définitive, qui devrait être disponible sur iOS et Android d’ici la fin de l’année pour les appareils compatibles.
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