Montparnasse n’est plus. L’éditeur français avait été placé en redressement judiciaire à la mi-février pour être placé rapidement entre les mains d’un liquidateur. Le bilan comptable 2000 affichait une perte de 8 millions d’euros, et presque autant l’année suivante.Restait donc à trouver un repreneur pour tout ou partie des actifs. Le Nouvel Hebdo pressentait Mindscape. L’éditeur Emme était écarté. Il avait cessé ses négociations discrètes avec Pierre Raiman, président de Montparnasse, trois mois plus tôt en novembre, juste avant le dépôt de bilan.” Nous ne voulions pas récupérer de studio de production, certains titres du catalogue étaient redondants avec les nôtres, du coup nous n’avons pas fait d’offre de reprise “, précise Olivier Wright, directeur général de Emme. En revanche, pour Mindscape, Monparnasse représentait une belle opportunité de gonfler son catalogue de logiciels multimédia.
Mindscape a déjà fait le ménage dans les troupes
Pour un montant tenu secret, Jean Pierre Nordman, PDG de Mindscape, a repris “ l’ensemble des actifs en termes de propriété intellectuelle et de droit de production, de co-production et d’édition, ainsi que la structure française de distribution, Milledis “. En pratique, il empoche des titres culturels comme Le Louvre (1 million d’unités vendues) ou Les petits débrouillards dans la catégorie ludo-éducatif, mais aussi Les récrés d’Henri Dès. Mais surtout, il se rapproche d’éditeurs littéraires ou audiovisuels, partenaires co-producteurs historiques de Montparnasse comme la Réunion des Musées Nationaux (Le Musée d’Orsay…), Prisma Presse, Radio France, France 5, Albin Michel ou encore Gallimard.Des partenaires prestigieux sur le papier mais avec lesquels il faudra probablement rediscuter les termes des contrats de co-production. Car Montparnasse depuis sa création en 1992 a consenti à ses partenaires des montants de reversion sur les logiciels que certains jugent exorbitants. On parle de 40 % pour la rétribution des tiers co-producteur sur le prix de vente d’un logiciel à 99 francs (15 euros).Restait alors à l’éditeur à payer la fabrication, la création des jaquettes, la promotion… avec le solde. Mindscape devra donc revoir les contrats à la loupe. D’où la colère de quelques studios de production, hier partenaires de Montparnasse, et aujourd’hui sans un sou reversé pour leur prestation passé.Par ailleurs, Mindscape a déjà fait le ménage dans les troupes. Des cinquante salariés en poste lors du dépôt de bilan, il n’en reste qu’un dixième. Et la rationalisation des investissements reste le mot d’ordre. Le cap d’investissement est fixé entre 10 et 12 % du chiffre d’affaires (40 millions d’euros) pour se garder de ” l’herbe sous le pied “.Car Jean-Pierre Nordman s’intéresse au jeu vidéo et pourrait d’ici peu s’emparer de l’éditeur bordelais Kalisto en liquidation. “Certains jeux peuvent nous intéresser, mais le système de reprise est compliqué, il peut y avoir des surenchères de part et d’autre “, conclut Jean Pierre Nordman. La discrétion restant encore la meilleure manière de conclure une affaire. Montparnasse en témoigne.
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