Etre toujours connecté n’est possible que lorsque vous avez une batterie chargée. Vous aurez beau être dans une zone couverte, être à portée d’un routeur Wi-Fi, si votre smartphone ou votre ordinateur portable rendent l’âme, vous devrez une croix sur votre vie numérique.
L’autonomie est le point d’achoppement le plus contraignant auquel se confrontent les concepteurs d’appareils mobiles. Ces experts sont en plus soumis à des contraintes techniques et chimiques.
Les différents types de batteries, selon les bases chimiques qu’ils utilisent, sont plus ou moins performants en termes de densité énergétique, de coût, de temps de charge, de longévité ou encore d’efficacité.
De facto, cela veut dire que les concepteurs de smartphones, par exemple, choisissent la technologie de batterie qui offre le meilleur compromis pour couvrir les différents usages de ce genre d’appareils. Un choix médian, par défaut.
Jongler entre les batteries en fonction des usages
Des chercheurs de Microsoft, menés par Ranveer Chandra, viennent toutefois de proposer une solution qui pourrait offrir plus de libertés aux concepteurs d’appareils et donc permettre d’obtenir une meilleure autonomie générale.
La technologie baptisée Software Defined Battery (SDB, batterie choisie par un logiciel) est une nouvelle approche de la relation entre le logiciel, le système d’exploitation qui anime le produit, et la partie matérielle, la batterie. Pour être plus précis, en l’occurrence, les batteries.
Car l’astuce est de permettre d’intégrer au moins deux types de batteries dans un appareil, avec des caractéristiques chimiques différentes et donc des comportements différents, complémentaires, de préférence.
Dès lors, en fonction de ses besoins, l’OS de l’appareil est capable de contrôler le flux énergétique entrant et sortant sur chaque batterie, faisant appel à celle qui est la plus adaptée, la plus endurante, pour l’usage en cours.
« En utilisant les microbenchmarks de notre prototype d’implémentation de SDB, au travers de simulations détaillées, nous démontrons qu’il est possible de combiner des batteries qui excellent chacune dans des domaines différents et peuvent fournir une performance collective supérieure à un ensemble de batteries classiques », lit-on en introduction du document publié par l’équipe de Ranveer Chandra.
Des bénéfices pour un faible coût…
Mieux ! Outre un allongement de l’autonomie des produits, cette technologie permet un gain de performances, puisque le processeur peut fonctionner de manière optimale en consommant plus d’énergie sans nuire à l’autonomie globale.
Avec des outils de tests comme PassMark et 3DMark, les chercheurs de Microsoft ont ainsi obtenu des performances jusqu’à 26% meilleures pour une autonomie similaire avec certains tests.
La technologie SDB pourrait également permettre d’allonger la durée de vie d’une batterie en faisant en sorte que ses cycles soient utilisés au mieux et d’assurer que les batteries se rechargent plus vite.
Ranveer Chandra explique également que le coût d’intégration de sa technologie dans des appareils ne sera pas « significatif », car il a été pensé d’emblée pour ne pas générer de coûts supplémentaires. Même chose pour l’espace nécessaire dans un boîtier. Il suffirait en effet de modifier un petit peu seulement le microcontrôleur en charge de la gestion de l’énergie « présent dans la plupart des appareils mobiles ».
Deux pistes pour le futur
Les ingénieurs de Microsoft travaillent déjà sur deux axes de développement qui pourrait avoir d’énormes conséquences. Le premier vise à rendre encore plus précis l’optimisation de l’utilisation des batteries. Pour cela, les chercheurs entendent « lier les assistants personnels, comme Siri, Cortana et Google Now à SDB ». Pourquoi ? Simplement parce que « ces assistants connaissent le comportement et les habitudes de l’utilisateur. En utilisant ces informations, un système d’exploitation peut régler les paramètres de sélection [de la batterie, NDLR] au mieux », explique le document publié par l’équipe du géant de Redmond. Par exemple, si un propriétaire de smartphone a l’habitude de jouer dans les transports en commun le soir, la technologie SDB pourra faire en sorte d’économiser une batterie à forte densité énergétique pour tenir cette charge… Un bon moyen de ne pas avoir à ressortir un vieux cahier de sudoku car son téléphone est à l’agonie…
Le second axe de développement envisagé touche à un élargissement de la liste des appareils concernés par la technologie SDB. Ranveer Chandra cite ainsi les drones, les lunettes connectées ou encore les voitures électriques. Et là encore, les chercheurs de Microsoft fournissent un exemple. Le système de navigation du véhicule pourrait communiquer au module SDB le trajet qui va être emprunté. Dès lors, le SDB pourra décider quelles batteries utiliser en fonction de la densité du trafic, des dénivelés sur le parcours ou de la température ambiante… Simplement génial !
Dès lors, au-delà de la question du gain individuel que pourrait permettre cette technologie, on imagine assez facilement l’impact environnemental et économique que pourrait avoir cette solution. Avec la technologie SDB, c’est peut-être un avenir plus vert et plus autonome qui se dessine…
Sources :
Publication de Microsoft (PDF) via MIT Technology Review
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