Le 28 juillet, Microsoft va mettre à jour sa politique sur le Microsoft Store, le magasin d’applications intégré aux PC sous Windows. Pour la première fois sur un « App Store » majeur, les développeurs d’applications auront la possibilité d’offrir à leurs utilisateurs la possibilité de payer avec le mode de paiement de leur choix. Cela veut dire que l’utilisateur aura le choix entre la méthode de paiement intégrée au Microsoft Store (85% pour le développeur, 15% pour Microsoft) ou une solution alternative, comme PayPal ou un formulaire sécurisé. Dans l’hypothèse où il favorise l’option 2, qui pourrait lui coûter moins, 100% des revenus reviendront aux développeurs de l’application.
Le Microsoft Store bientôt incontournable ?
Ce n’est pas le seul changement que Microsoft a annoncé ces dernières heures. Dans les prochains mois, le Microsoft Store va s’ouvrir à toutes les applications Windows, peu importe l’architecture choisie par leurs développeurs.
Ainsi, en plus des applications UWP poussées par Microsoft, on pourra télécharger des applications Win32, Electron, Java, React Native ou .NET sur le Microsoft Store, ainsi que des web-applications PWA.
Parmi les premiers exemples cités par Microsoft, on remarque la présence de gros logiciels comme Zoom, Adobe Creative Cloud, Disney+ ou encore Microsoft Teams. Leur arrivée sur le Microsoft Store pourrait rendre le magasin d’applications incontournable sur Windows. Pourquoi prendre le risque de télécharger des logiciels sur le Web si la boutique officielle les propose tous et le met à jour automatiquement ?
L’arrivée de certaines applications Android, grâce à un partenariat étonnant avec l’Amazon Appstore, devrait aussi étoffer le catalogue du Microsoft Store.
Preuve que le Microsoft Store est désormais au cœur de Windows, Microsoft compte intégrer son magasin aux sites de nombreux développeurs. Par exemple, si vous souhaitez télécharger Spotify dans le futur, le site du service de streaming vous permettra d’ajouter l’application à votre PC en passant par le Microsoft Store sans que vous ayez à ouvrir le magasin.
Le Microsoft Store compte devenir le meilleur endroit pour télécharger des applications sur Windows, y compris sur le Web. Maintenant que les développeurs ne sont plus obligés de partager leurs revenus avec Microsoft, on ne voit pas ce qui pourrait leur donner envie de passer par leur propre site.
Microsoft contre Apple et Google
À la fin de la conférence de présentation de Windows 11, Satya Nadella, le PDG de Microsoft, a prononcé un discours sur l’importance de laisser le choix à l’utilisateur. Dans un contexte politique très particulier, où les autorités du monde entier s’interrogent sur le modèle économique des magasins d’applications, il ne fallait pas être devin pour comprendre de qui Satya Nadella parlait.
Apple et Google, même si l’entreprise de Tim Cook étant sans doute la plus visée des deux, sont dans le collimateur de Microsoft. En ouvrant le Microsoft Store aux méthodes de paiement alternatives et à tous les types d’applications, Satya Nadella montre aux autorités qu’un tel changement est possible et qu’il est temps de mettre fin aux monopoles dont Microsoft a lui même longtemps profité. Un sale coup qu’Apple ne devrait pas apprécier, d’autant plus que Microsoft s’était rangé du côté d’Epic Games lors de son procès contre Apple.
Pour se défendre, Apple et Google pourront toujours mettre en avant les quelques incohérences de Microsoft. Par exemple, l’ouverture aux solutions de paiement alternatives est réservée aux applications qui ne sont pas des jeux. Les éditeurs de jeux vidéo doivent, eux, toujours partager 12% de leurs revenus avec l’entreprise de Satya Nadella.
Autre choix qui va à l’encontre de cette ouverture totale, l’intégration de certains services comme Teams à Windows 11. Ici, Microsoft ne laisse pas beaucoup de place à la concurrence.
Dernière chose, il est important de rappeler que le Microsoft Store rapporte beaucoup moins d’argent que l’App Store ou le Play Store. Microsoft devrait sortir gagnant de cette ouverture alors que, du côté d’Apple et Google, ils seraient assurément perdants.
Le géant de Redmond a-t-il réussi à faire d’une faiblesse un point fort pour non seulement rattraper son retard, mais aussi mettre en avant les abus éventuels de ses adversaires ? Laissons quelques mois à la poussière de ce combat incessant pour retomber, et aux différents jugements et enquêtes pour être rendus.
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