L’éclatement de Microsoft en deux compagnies, décidé par le juge Thomas Jackson, n’a guère surpris. “Nous nous y attendions “, déclare Chris Letocq, analyste du cabinet Gartner Group. Et de s’étendre sur le ton employé par le magistrat, qui “estime clairement avoir donné suffisamment de temps et d’occasions à la direction de Microsoft pour négocier “. Les dirigeants du groupe de Seattle n’ont pas saisi l’opportunité. Il était temps d’agir.Pour autant, rien ne va vraiment se passer chez Microsoft avant plusieurs jours, voire plusieurs mois. Le jugement, ” s’il survit à la procédure d’appel “, explique Chris Letocq, n’entrera partiellement en application qu’au début de l’an 2001.Carl Howe, analyste chez Forrester Research, est également sceptique quant à la concrétisation rapide de la sentence. “Les mesures temporaires seront différées en appel “, prévoit-il. Pourtant l’éclatement de Microsoft, s’il prenait forme un jour, serait “une bonne chose pour l’éditeur “, affirme-t-il. En effet, cette situation contribuerait à “améliorer la compétitivité de l’entreprise, la production d’innovations et, tout compte fait, créerait plus de valeurs pour les investisseurs boursiers “.Pour Carl Howe, l’éditeur est devenu “trop important pour rester compétitif. Sa direction passe trop de temps à essayer de se maintenir sur tous les fronts et elle perd trop d’energie dans ses débats avec la justice “.
Deux entreprises plus concentrées sur leurs objectifs
Selon lui, la séparation permettra de créer deux entreprises, plus concentrées sur leurs objectifs. Et de citer l’exemple d’ATT, le géant des télécoms, découpé en huit sociétés différentes durant les années 80. Cette poignée d’entreprises, expertes en téléphonie longue distance et locale, a créé “bien plus de valeur” qu’ATT aurait pu en produire tout seul, constate-t-il.Même son de cloche chez Rob Enderle, analyste du cabinet Giga Information Group. “L’entreprise éclatée va s’épanouir, prédit-il. Et plus vite cela se fera mieux ce sera. Car, selon lui, le plus gros risque pour Microsoft à maintenir cette situation de transition, c’est de voir ses équipes partir et ses projets s’enterrer. Une fois la situation stabilisée, “les employés de Microsoft pourront retourner au travail et se pencher sur la nouvelle génération de technologies “, ajoute-t-il.Les représentants de la Computer and Communication Industry Association, installés à Washington, se disent eux aussi ravis de la décision du magistrat Thomas Jackson. Celui-ci n’a finalement pas réclamé l’éclatement en trois sociétés prôné par lassociation. Mais peu importe. “Si le jugement entre en application, explique Jason Mahler, la concurrence sera restaurée et de nouveaux produits à meilleur prix verront le jour.”Bill Gates, le chairman de Microsoft, qui a envahi mercredi soir les ondes américaines, quelques minutes après que le jugement a été rendu public, ne partageait évidemment pas ce point de vue.
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