Une folle rumeur estivale enfle sur la Toile : Microsoft négocierait en coulisse le rachat de AMD. C’est le site spécialisé dans le gaming KitGuru qui révélait hier les propos d’une source « proche du dossier » confirmant que des pourparlers étaient en cours depuis de nombreux mois entre le concepteur de processeurs et le géant de Redmond. Ce dernier tâtant le terrain en vue d’une « hypothétique acquisition » d’une partie de l’activité de AMD.
Nous nous sommes évidemment tournés vers les porte-paroles français des deux sociétés pour essayer d’en apprendre un peu plus. Côté AMD, la réponse fut assez simple : « Nous ne commentons pas cette information mais restons à disposition pour vous renseigner sur d’autres sujets concernant nos produits ou solutions ». Quant au père de Windows 10 et de la Surface 3, il n’a pas été plus dissert sur la question.
Microsoft et AMD : une simple histoire de composants pour console ?
Financièrement parlant, Microsoft pèse plus de 90 milliards de dollars alors qu’AMD est un poids plume, estimé à moins de deux milliards. Une acquisition potentiellement indolore pour Microsoft qui, de plus, affiche globalement de bons résultats financiers (+6% entre mars 2014 et mars 2015).
A l’inverse, AMD enchaîne les mauvais trimestres. Et ce ne sont pas les dernières cartes graphiques Radeon R9 Fury X et Radeon R7 et R9 300, techniquement décevantes, qui devraient lui garantir un retour aux bénéfices et lui permettre de redresser la barre. Si le chiffre d’affaire de AMD au premier trimestre 2015 était évalué à 1,09 milliard de dollars, il reste en baisse de 26% (par rapport à 2014) et accuse une perte nette de 137 millions de dollars. Et les chiffres du second exercice financier de l’année pourraient malheureusement suivre cette même tendance.
Toutefois, en tant que concepteur du processeur de la Xbox One, baptisée Jaguar Custom, AMD constituerait une acquisition finalement assez pertinente. Acheter AMD serait un bon moyen pour Microsoft de rayer cette ligne comptable estimée à un peu plus d’un milliard de dollars. Et, de fait, gagner en compétitivité sur le marché des consoles de salon.
Seconde bonne raison d’y croire, c’est aussi AMD qui produit le processeur central de la PS4. Si Microsoft s’offre AMD, Sony devrait donc acheter à son principal concurrent le composant essentiel au bon fonctionnement de sa console pour les quelques années à venir. Une situation qui rappelle un peu celle du couple Apple-Samsung : ennemi juré sur le marché de la téléphonie mobile, Samsung continue de produire et de participer à l’élaboration des processeurs A pour les iPhone et iPad.
Et si Microsoft servait indirectement les intérêts de ses autres partenaires ?
Et quid des relations entre Intel, Nvidia et Microsoft ? Microsoft entrerait en concurrence directe avec ses deux partenaires historiques. Car si le géant de Redmond conçoit déjà ses propres processeurs de calcul, intégrer les technologies AMD par le biais de l’acquisition de brevets par exemple, pourrait renforcer sa compétitivité sur ces deux segments.
Reste à savoir s’il aura les épaules pour lutter contre le mastodonte Intel (environ 144 milliards de dollars) sur le segment des processeurs x86 pour PC et tablettes ou, mieux, faire en sorte qu’AMD revienne pleinement dans la course à la puissance graphique. Une course dont Nvidia (pesant pas loin de 11 milliards de dollars) conserve la tête notamment grâce à ses dernières GeForce GTX 900.
Dans le cas où AMD n’arrivait pas à endiguer ses pertes financières à moyen terme, il serait logiquement forcé de d’arrêter une partie de son activité. Si c’était le cas, il y aurait un risque pour que Nvidia et/ou Intel se retrouvent en situation de quasi-monopole. Une situation que les autorités de la conccurence ne verraient pas d’un bon oeil. Ainsi, en injectant des fonds dans AMD ou en prenant le contrôle d’une partie des activités de ce dernier, Microsoft pourrait donc, hypothétiquement, servir davantage les intêrets de ses partenaires que les siens.
Rappelons, pour conclure, qu’en 2012, des rumeurs de rachat d’AMD par des géants comme Microsoft (oui, encore lui), Samsung, Google et même Intel avaient fait surface pendant quelques mois pour finalement être classées sans suite.
Sources : KitGuru et Barrons.com
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