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Michel Pébereau (BNP-Paribas) : ” Dans la banque en ligne, il y a des pertes qui ne sont pas saines “

Le PDG de BNP-Paribas s’élève contre certaines ” pratiques “. En se disant prêt à examiner tout projet d’alliance pour sa filiale, Banque Directe.

Le président de BNP-Paribas annonce l’ouverture de la banque multicanal pour cet été. Les clients pourront effectuer toutes leurs opérations quel que soit le canal de communication retenu : Internet, téléphone, Minitel ou agence. D’ici à 2002, la banque devrait consacrer 700 millions d’euros à ses investissements Internet. Y compris dans le B to C.
01net. : Où en est votre stratégie de banque ” multicanal ” ?
Michel Pébereau : Le service va ouvrir cet été, et sa montée en charge sera progressive. L’objectif est clair : assurer l’interconnexion en temps réel de tous les canaux (agence, téléphone, Minitel, automates bancaires, Internet) qu’utilisent nos clients pour nous contacter, utiliser nos services.Comment envisagez-vous le retour sur investissement ? Le coût informatique est de 230 millions d’euros (1,5 milliard de francs). Il faut y ajouter le coût de l’équipe de recherche développement que nous consacrons à ce projet (10 millions d’euros par an) et les dépenses de formation de toutes les équipes commerciales de notre réseau et d’une part importante de nos personnels de back office. Le retour sur investissement va se situer au niveau de notre compétitivité, puisque nous allons à nouveau réduire nos coûts de revient et améliorer significativement la qualité de nos services. Il va se situer ensuite au niveau de notre productivité commerciale, qui va être sensiblement accrue. Et nous allons améliorer notre information sur nos clients et leurs besoins, et la rendre plus disponible. Internet représente-t-il une véritable mutation ? Dans tous les métiers du groupe, Internet fait désormais partie intégrante de nos stratégies de développement. Pour chacun d’eux, Internet ouvre de nouvelles perspectives du point de vue tant des processus de production et donc des coûts, que des relations avec les clients. Internet bouleverse les conditions de traitement et de transport de l’information. Nos différents métiers consistent pour une part essentielle à traiter et transporter de l’information. Nous avons demandé à nos équipes d’intégrer Internet dans leurs stratégies et leur vie quotidienne. Côté commercial, la migration vers Internet de votre clientèle est-elle si évidente ? Seuls 10 à 15 % des clients de notre banque de détail disent pouvoir se passer d’une agence physique, et le pourcentage de ceux qui y sont vraiment prêts est beaucoup plus faible. BNP Net compte déjà 410 000 clients. Ce succès vient de ce que nous avons fait le choix de la complémentarité entre le canal Internet et l’agence.Vous ne croyez donc pas à une concurrence des banques virtuelles ? C’est un métier difficile, mais nous ne reculons pas devant cette difficulté puisque nous sommes leader du marché français tant dans le courtage en ligne avec Cortal ?” dont 150 000 des clients utilisent ce service ?” que dans la banque généraliste, avec Banque Directe qui en compte plus de 100 000. L’agressivité commerciale de certains nouveaux entrants est-elle critiquable ? Certaines pratiques ne seraient probablement pas acceptées dans d’autres domaines d’activité. Mais ce n’est pas à nous de nous substituer aux pouvoirs publics. Mais il est exacte que certaines pertes, générées par certaines pratiques, ne sont pas saines. Accepteriez-vous de vous séparer de ces deux filiales, Cortal et de Banque Directe ? L’an dernier, de nombreux observateurs nous ont suggéré d’ouvrir le capital de Cortal. Nous ne les avons pas suivis, car les valorisations de l’époque nous semblaient exagérées. Cela aurait été une bonne opération financière à court terme, mais pas une bonne politique vis-à-vis des actionnaires minoritaires qui nous auraient fait confiance. Quant à Banque Directe, sa stratégie de développement pourrait passer par une alliance capitalistique. Si une opportunité se présentait, nous l’étudierions sérieusement. En tant que capital-risqueur, BNP-Paribas a de nombreuses lignes, y compris dans le B to C. Révisez-vous vos positions depuis la crise boursière ? Nous ne nous sommes pas emballés avant l’e-krach, nous n’avons pas non plus freiné nos mises après. Nous n’avons pas réduit l’enveloppe de 700 millions d’euros que nous entendons consacrer à Internet pour 2000-2002.Parmi les éléments pesant sur la conjoncture, le risque lié au secteur télécoms est souvent évoqué…Ce secteur pèse environ 3 % des engagements globaux de BNP-Paribas. Une équipe d’ingénieurs conseils indépendante a été chargée, dès 1995, d’étudier les dossiers de crédit proposé, ce qui a assuré une grande sélectivité des risques.Bouygues, votre client, n’a pas souscrit à l’appel d’offre sur l’UMTS, la troisième génération de téléphonie mobile. Un bon choix ? Un bon choix pour le groupe Bouygues, certainement. Mais pour des projets de cette envergure, les stratégies gagnantes diffèrent selon les entreprises. Cela dit, si les conditions financières d’attribution des fréquences étaient revues à la baisse, tout le monde serait gagnant. Sauf l’État…Même l’État. La communauté nationale a tout à gagner à ce que les entreprises des nouvelles technologies soient aussi fortes que possible.

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Jean-Jérôme Bertolus et Jean-Michel Cedro