La conjoncture économique actuelle modifie-t-elle la demande de vos clients ? Dans le domaine de la recherche amont, certaines sociétés vont peut être mettre le holà, mais il est encore un peu tôt pour se prononcer. En revanche, il est certain que les entreprises vont vouloir acheter de la souplesse, comme à chaque fois en cas de crise. Quand elles conçoivent un produit, les entreprises veulent pouvoir le faire plus vite, pour pouvoir éventuellement avancer le démarrage du processus de production, tout en continuant de travailler sur celui-ci. Il y a beaucoup d’innovation à attendre dans le domaine des processus de production. De surcroît, les entreprises veulent aujourd’hui des acteurs qui les accompagnent globalement. Cela signifie qu’un tri va s’opérer en ce qui concerne le secteur des prestataires de services et des consultants.Combien comptez-vous embaucher de salariés l’année prochaine ? Nous aurons embauché 4 500 personnes fin 2001. Et nous irons au-delà en 2002. Un point crucial de notre approche consiste à embaucher des ingénieurs en leur permettant de faire carrière chez nous. Ainsi, notre turn-over annuel ne dépasse pas 15 %. Nous nous sommes toujours situés entre 12 et 15 %. À ce propos, dans le secteur du conseil, on est souvent au-delà de 20 %. Nous recrutons des ingénieurs pour qu’ils restent et qu’ils soient capables, ensuite, de faire du coaching pour les collaborateurs récemment intégrés. Que pensez-vous du modèle dit d'” entreprise sans usine ” ou ” fabless ” en anglais ? Il s’agit d’un modèle déjà ancien. Dans les années 1980, les constructeurs automobiles faisaient encore tout l’équipement d’une voiture, y compris l’électronique du tableau de bord. Or, aujourd’hui, on peut imaginer un constructeur qui n’ait plus aucune chaîne de production. Chaque fois que le consommateur en demande plus, que le produit devient à la fois plus simple à utiliser et plus complexe à produire, l’entreprise a tendance à évoluer et à se transformer en architecte industriel. L’emploi se déporte alors chez le sous-traitant, qui devient lui-même coordinateur des autres fournisseurs. Ce phénomène a d’abord touché l’aéronautique dans les années 1980, puis l’automobile dans les années 1990. Il s’étend aujourd’hui aux télécoms. Tout le monde change de métier. Les fournisseurs et les équipementiers deviennent des industriels, et les constructeurs se transformeront peut-être un jour en société de services. Observez-vous des technologies émergentes qui pourraient constituer des ruptures ? Lorsque l’on saura par exemple rouler un écran plat pour le mettre dans sa poche, il y aura indéniablement une révolution. Et lorsque les constructeurs automobiles commencent à vouloir maîtriser les hyper-fréquences pour utiliser des radars, cela conduit à de profondes mutations. Appliquer des technologies, éprouvées dans un secteur donné, dans un autre domaine d’activité auquel on n’aurait pas nécessairement pensé représente un axe de réflexion très important aujourd’hui.Vous êtes très peu présents aux États-Unis…Nous avons un bureau à Boston et un à Chicago. Les États-Unis ne représentent pas plus d’1 % de notre chiffre d’affaires. Il s’agit encore d’un test et d’une possibilité de prendre des contacts et d’étudier le marché. On travaille notamment avec le MIT [Massachussets Institute of Technology, ndlr] sur l’enjeu des formations d’ingénieurs. Une étude montre une désaffection des étudiants américains pour les sciences dures, certaines filières ayant carrément été fermées. Les Américains ont longtemps considéré la high-tech et l’informatique comme un espace virtuel. D’où, en partie, cette désaffection avec, au surplus, un départ de pas mal d’étudiants étrangers. Mais, en France, les études d’ingénieur conservent dès le début un caractère généraliste. Et chacun s’accorde à reconnaître la qualité de nos ingénieurs dans l’appréhension des problèmes complexes concrets, ce que nous appelons ” l’analyse système des situations “. Quelles sont aujourd’hui les priorités d’Altran ? Pour les deux années qui viennent, notre priorité reste l’Europe. Nous estimons que nous avons accès à plus de 4 milliards d’euros [26,24 milliards de francs] de chiffre d’affaires sur ce marché. Nous devrions donc être en mesure de réaliser 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2003 en restant concentrés sur l’Europe. À partir de cette date, nous mettrons en ?”uvre les relais de croissance sur lesquels nous travaillons déjà aujourd’hui, avec l’ambition de devenir le premier groupe d’ingénieurs au monde avec 40 000 consultants en 2005.
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