Vous êtes un groupe de presse plus que centenaire, quelle est votre attitude à l’égard des nouvelles possibilités technologiques ?D’abord, je me demande encore comment nous pouvions faire il y a cinq ans sans elles. Elles tiennent évidemment un rôle majeur dans nos process industriels.Quel est l’objectif ? Faire des économies, améliorer la marge ?Les TIC nous permettent d’améliorer l’ensemble de notre process. Nous sommes, je vous le rappelle, dans la presse mais aussi dans l’impression et le multimédia. Je dirai que d’une façon générale, les NTIC nous permettent de gagner du temps, et le temps comme vous le savez c’est de l’argent.Peut-on entrer dans le détail de cette utilisation, celui de la relation client par exemple, de la relation fournisseur, ou avec vos employés ?Le groupe gère 800 000 abonnés au global et cette gestion nécessite des moyens informatiques conséquents. Nous en avons autant parce qu’en Suisse, où la tradition de l’abonnement est forte, les souscriptions sont aussi vendues avec des produits d’assurance, ce qui nous distingue de ce qui se fait d’ordinaire. En revanche, nous n’exploitons pas cette base de données au profit de tiers dans la mesure où nous avons une éthique assez restrictive dans ce domaine.Avec les fournisseurs ?Nous y allons lentement parce que nous sommes très prudents d’une part et que, d’autre part, nos fournisseurs ne sont pas très demandeurs. Du moins dans le domaine des transactions, pas celui de l’envoi de fichiers naturellement.En ce qui concerne la relation avec vos 6 000 employés êtes-vous à même comme Jean-Marie Messier, le président de Vivendi Universal, d’envoyer un e-mail à tous vos salariés ?Non. Et je n’y vois pas d’utilité. Notamment pour des problèmes de langue ?” nous sommes aussi bien présents en Tchécoslovaquie, en Hongrie ou en Chine ?” et aussi parce je suis favorable à une certaine indépendance des régions où le groupe est présent. Mais je serais favorable à l’installation d’un intranet pays par pays.Dans le domaine de la gestion pure, êtes-vous à même, comme le PDG de Cisco, d’avoir en temps réel vos états de recettes et de sortie de cash ?Non, pas en temps réel. Et au moins pour une raison technique : il existe un délai entre la mise en place des journaux dans les kiosques et la connaissance des ventes et des invendus. Mais je vise un objectif qui consistera à avoir ces données globales dans un délai de 24 heures.Avez-vous pris des initiatives concernant les activités internet ?Nous avons redimensionné nos activités web, mais nous y croyons toujours. Globalement, nos sites de journaux, dont notre quotidien Blick, sont faits pour attirer les jeunes. Mais nous ne donnons par sur le web les informations que nous vendons sur le papier. C’est plutôt des jeux et des services. Je veux aussi mentionner le site de notre magazine de cuisine (Betty Bossi) qui suscite un vrai business to consumer au contraire des autres. Il nous a rapporté 10 millions de francs suisses (6,8 millions d’euros) jusqu’à présent ce qui est quand même pas mal. Ensuite, nous avons acheté 70 % du site Borsalino qui donne des informations économiques et financières. Nous comptons le rentabiliser d’ici 3 ou 4 ans. Il a été intégré avec le magazine Cash à notre département des médias économiques. Vous savez, nos activités web font partie d’un tout, elles sont complémentaires des autres activités et doivent être considérées dans leur ensemble. Sur le plan économique et concernant le web, nous préférons raisonner globalement et non pas ligne comptable par ligne comptable.Vous comptez faire du courtage avec Borsalino ?Non, et là aussi pour des questions d’éthique. Car il faudrait se marier avec une banque ce qui me paraît incompatible avec notre travail d’éditeur qui est aussi de fournir des informations économiques.Vous souffrez de la conjoncture publicitaire ?Oui. Mais nos recettes sont équilibrées. Nos ventes représentent plus de la moitié de notre chiffre d’affaires. Résultat : quand les autres gagnent beaucoup, en période de prospérité publicitaire, on gagne moins, mais en cas de retournement, nous perdons moins.Vous avez connu la concurrence des gratuits du groupe Schibsted pour “Vingt minutes” et celle de “Metro”, cela vous a pénalisé ?Notre réaction a été d’investir dans la rédaction et nous n’avons pas souffert. Cela étant, si Metro a disparu de la Suisse, le groupe Schibsted détient quand même avec Vingt minutes le troisième quotidien du pays. Mais son financement reste précaire du fait de sa trop grande exposition à la pub. À Prague et à Budapest, on vit très bien avec les gratuits. On n’y perd ni sur la pub ni sur les lecteurs. Eux se nourrissent de publicité régionale ce qui n’est pas notre cas.Cela vous inspire la prochaine introduction du “Monde” en Bourse ?Nous ne faisons qu’y réfléchir. Ce n’est pas d’actualité. Pour Le Monde, c’est une bonne chose.Comptez-vous acheter des actions ?Je n’ai pas dit que c’était une bonne affaire ! De façon générale, nous sommes très prudents. Et le marché français n’est pas notre priorité contrairement aux pays de l’Est.
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